Du 11 au 14 mai 2022 a été conduit à Bweremana, un des villages d’intervention d’ATEDD, un diagnostic participatif.
Pour le préparer, une équipe d’animateurs a été formée pendant deux jours par Big John, un praticien expérimenté du diagnostic participatif. Elle était composée de l’équipe projet d’ATEDD, des animateurs locaux, d’une consultante de CADRE, spécialisée dans la gestion des conflits, de membres du Comité de pilotage du village, de professeurs venus d’instituts et d’université de Goma.
Des invitations avaient été envoyées à des personnes considérées comme des informateurs-clés sur les quatre problèmes traités par ATEDD : les crues des rivières ; les érosions ; le déboisement ; une agriculture non restauratrice et non rémunératrice, avec un thème transversal : les conflits liés à ces problèmes.
Se sont ainsi rassemblées vers 9h du matin plus de 120 personnes, car la nouvelle avait aussi circulé par le bouche à oreilles et même les personnes qui n’avaient pas d’invitation pouvaient participer. Parmi les 120 participants il y avait des personnes vivants avec handicap, les jeunes qui étaient presque majoritaires, les femmes, les confessions religieuses, les OSC, les services publics de l’état (agronomes, environnement, développement rural) ; les ONG nationales, les pépiniéristes, les autorités coutumières, les animateurs du projet, les membres du comité de pilotage qui sont restées jusqu’à la fin de la séance. Le local qui a abrité les séances était prêté gratuitement par une Eglise locale.
Le chef de groupement, chef coutumier, a introduit le débat, en swahili bien sûr, en insistant sur la gravité de la situation : « si on ne fait rien, toute la terre fertile va descendre des collines pour se retrouver dans le lac et la région deviendra inhabitable. Nous sommes nés ici et nous voulons que nos enfants puissent toujours y vivre ». Il a ajouté que suite à ce projet, les populations seront sensibilisées sur l’importance des arbres et la loi sur l’environnement sera vulgarisée. Il sera soit exigé de toute la population de planter les arbres et une personne qui coupera un arbre devra en planter cinq.
Michel est ensuite intervenu pour présenter les cinq organisations qui animent ATEDD et insister sur le fait qu’ATEDD ne vient pas apporter la solution aux graves problèmes soulevés, mais soutenir l’action que la communauté va conduire pour les traiter. En traduisant, Jean-Louis, le chef de projet, explicite encore davantage : ATEDD n’est pas un projet, c’est une action territoriale, on peut dire aussi communautaire, pour arriver à des résultats qui améliorent de manière durable la vie de la communauté sur les quatre enjeux traités. Cette action se prolongera même quand ATEDD n’apportera plus son soutien.
Il explique aussi l’objet du diagnostic participatif. Permettre à la population de donner les informations utiles, d’analyser les causes des problèmes et de proposer des solutions.
L’assemblée est alors répartie en cinq groupes :
Le lendemain les 5 groupes entreprennent un « Transect ». Il s’agit d’une marche d’observation dans le village, d’une durée d’environ deux heures, pour noter et photographier tous les signes par lesquels les problèmes traités se manifestent. Chaque groupe se consacre à un enjeu : les rivières, l’érosion (les éboulements), le déboisement, l’agriculture, les conflits.
Le troisième jour, les animateurs se retrouvent pour faire la synthèse des 5 groupes du premier jour et des 5 groupes du second.
L’ensemble est restitué le dernier jour lors d’une nouvelle assemblée communautaire rassemblant une centaine de personnes. Cette restitution se poursuit par des propositions de plan d’action sur chacune des thématiques en indiquant qui a la responsabilité de mener l’action. Toutes les propositions proviennent des participants et sont notées après d’éventuels amendements.
Elles constituent la première version du Plan d’action communautaire (PAC). Celui-ci a été ensuite précisé lors d’une réunion qui s’est tenue le 23 mai avec le comité de pilotage, les acteurs-clés. La nouvelle version fera l’objet de contacts bilatéraux avec les autorités locales, les services de l’Etat compétents pour les quatre domaines concernés, les responsables confessionnels. L’équipe d’ATEDD précisera les actions qu’elle prendra en charge et les moyens qu’elle apportera pour contribuer à la mise en œuvre du PAC.
L’ensemble sera présenté lors d’une grande assemblée communautaire, présidée par les autorités locales, qui se tiendra en juin.
Jean-Louis Mbusa, Chef de projet d’ATEDD
Expert en gouvernance Participative, Goma-Nord KIVU / RDC.
Crédit Photos de Jean-Louis Mbusa / RIEH
Figure 8 - Diagnostic participatif : au bout du transect : la forêt dévastée par les eaux !
figure 7 - Retour de diagnostic Synthèse des groupes