Le 25 Mai 2022 dans le village Minova, dans la salle du Parlement des jeunes s’est tenue la réunion de lancement du diagnostic participatif qui va durer deux jours.
25 personnes y ont participé de catégorie différente notamment : les agronomes, les représentant des confessions religieuse, les représentants des op, les représentant de la jeunesse, les agronomes du groupement, un membre de la société civile, les gens de service de l’environnement, les agents de la CARG (Conseil Agricole Rural de Gestion), les agriculteurs et les concessionnaires. On signale que les femmes y étaient moins représentées. L’objectif est d’analyser les causes des problèmes traités dans l’Action Territoriale pour un Développement Durable au Kivu (ATEDD-Kivu) et d’élaborer un Plan d’action communautaire (P.A.C.).
Ces problèmes sont :
- Les rivières qui débordent, causant des morts, emportant des maisons et des terrains,
- L’érosion qui cause des éboulements et entraîne la bonne terre vers le lac,
- Le déboisement qui met les collines à nu et prive la population de ressources en bois,
- L’agriculture non rémunératrice et destructrice de la fertilité des sols,
Le lancement a été fait par le représentant du Chef de Groupement, le Secrétaire du groupement de Buzi, M. Jean Paul.
Il a exhorté les participants à s’approprier le projet en faisant part de leur connaissance des problèmes et en émettant des idées sur les actions à conduire.
> Enregistrement Equipe au travail
Photo 1 : L'atelier de Minova. A gauche Michel Tissier, à son côté Delphin conducteur des activités Diagnostic participatif à Minova et assis le représentant de la chefferie.
Photo 2 : Un groupe de l'atelier, au travail.
3 - Enregistrement de l'équipe au travail
Michel, représentant du Réseau international pour une économie humaine (RIEH), est intervenu au nom du Consortium qui a monté le projet et qui comprend également CADRE, la Fondation MATENDO, la coopérative MUUNGANO et le CEREIAD, centre de recherche rattaché à l’Université Catholique de Bukavu.
Il a expliqué qu’ATEDD ne vient pas apporter les solutions, mais soutenir la communauté pour qu’elle mette en œuvre ces solutions. Le projet apportera des moyens pendant les neuf mois qui viennent, mais les actions engagées devront continuer au-delà, sous la conduite du Comité de pilotage et avec le soutien des autorités. Les organisations du Consortium continueront à accompagner la communauté et à chercher avec elle des ressources pour poursuivre la mise en œuvre des actions du Plan.
Ces actions doivent se prolonger jusqu’à ce que les résultats soient atteints : les rivières ne débordent plus, il n’y a plus d’éboulements, les collines sont reboisées, la population peut cuisiner et construire ses logements tout en gardant les arbres, les paysans peuvent vivre décemment avec les revenus agricoles et la fertilité des sols est restaurée.
Héritier, coordinateur du Groupe local du RIEH, s’est engagé à ce que ce groupe local soutienne ATEDD.
Germain, le Président du Comité de pilotage d’ATEDD, a expliqué que ce comité adoptera le Plan d’action communautaire et fera le suivi de sa mise en œuvre avec l’appui de l’équipe projet et en particulier de Delphin, Superviseur d’ATEDD à Minova et Bweremana.
Quatre groupes se sont mis activement au travail.
La cause principale est que la population coupe les arbres pour avoir du bois de chauffage ou pour construire les maisons sans en replanter ou sans respecter le temps nécessaire pour que les arbres repoussent.
L’arbre est une ressource à gérer sur le long terme alors que la population a des besoins à très court terme.
La famine et la pauvreté poussent les gens à utiliser le bois en urgence, sans penser au renouvellement des plantes et des arbres.
Ce problème est renforcé par :
- La croissance démographique du fait des naissances et de l’afflux des personnes déplacées. Cela incite à la déforestation pour avoir plus de terres cultivables et cela accroît la demande en bois de chauffage et en bois de construction ;
- L’absence de sensibilisation de la population sur la nécessité de bien gérer les arbres et de sauvegarder les forêts. Elle ignore la législation foncière en la matière ;
- Les maladies qui font dépérir les arbres ;
- La divagation des animaux d’élevage qui mangent les plantules et feuilles ;
- Beaucoup de terres appartiennent à des concessionnaires qui ont coupé les arbres au profit d’exploitations.
A cela ce sont ajoutés des pratiques malheureuses :
- Le projet ECOmakala* a encouragé la population à produire beaucoup de charbon de bois, sans replanter des arbres.
- Les agents de l’État font payer des taxes aux propriétaires des arbres.
- Pendant un temps, il fallait couper les arbres et éliminer la brousse, pour empêcher les voleurs de s’y cacher.
- Des projets ont incité la population à couper des arbres pour planter des bananiers.
- Sur les collines,
- Dans les champs,
- A côté de la route,
- A côté des rivières,
- Au bord du lac,
- Sur les limites de nos champs et nos parcelles,
- Dans les concessions des écoles,
- Dans les concessions des églises.
- Sur les collines : Eucalyptus, Bambou, Roseau ;
- Dans les champs : Les arbres fruitiers comme : Acacia, Flamboyant (Mutoro en lange locale), Grevillea ;
- A côté des rivières : Les bambous, les roseaux ;
- Dans nos parcelles et à côté de la route : Les arbres fruitiers (avocatier, manguier, goyavier, organier, …), les arbres d’ombrage.
- Manque de terres à cultiver,
- Mauvaises pratiques culturales,
- Non-respect de la rotation des cultures,
- Non-respect du calendrier cultural,
- Manque de semences améliorées,
- Manque d’arbres fertilisant dans nos champs et plantations,
- Les érosions dans nos champs,
- Divagation des animaux dans nos champs,
- Les maladies qui attaquent nos plantes,
- Non accompagnement par les services habilités de l’Etat.
Les problèmes se sont aggravés depuis 1994-1995 avec l’arrivée des réfugiés en provenance du Rwanda : manque de champs et de plantations à cultiver, abattage des arbres.
- Le changement climatique, le vent
- Le déboisement de nos collines et de nos champs
- L’ignorance de la population
- Non-respect des conditions culturales
- La population ne plante pas les arbres.
- Non-respect de l'environnement, la population cultive sur les lieux accidentés.
- Constructions anarchiques
- Destruction par la population des espaces verts dans la zone
- Les résidus des plantés récoltés et autres saletés sont jetés dans la rivière
- Les plantes non adaptées au milieu
- Manque des semences des arbres et autres plantules qui peuvent soutenir le sol
- L’État congolais ne fait pas son travail pour la protection de l'environnement.
Les emplacements sur lesquels les érosions son observées :
Minova / Katale
Buganga / Camp buganga
Marangara
Mubimbi / Chez Muleherwa
La construction anarchique des maisons et l’exploitation des champs par la population, (non-respect de la limite des 10 mètres de rive),
La pratique des cultures au bord des rivières, et la coupe d’arbres au bord des rivières,
Le rejet des déchets, morceaux d’arbres, et tous autres résidus dans les rivières.
Les rivières touchées par les débordements sont entre autres :
Les conséquences graves du débordement des eaux des rivières sont :
- Pertes de vies humaines,
- Des maisons détruites et des plantes emportées par des eaux,
- Des produits des champs détruits et emportés par des eaux des rivières,
- Des bétails, volailles et autres élevages emportés par les rivières,
- La coupure de communication et circulation entre communautés à cause des eaux de rivières débordées,
- La famine explose dans la communauté car tous les champs sont détruits et les plantes emportées par les eaux des rivières,
- La population tombe dans la pauvreté.
Normalement il n’y a pas de moyen d’alerte quand il y a de telles catastrophes, c’est lorsque les dégâts sont déjà là que les gens découvrent qu’il y a un problème.
Pour que la population sache qu’il y a danger causé par le débordement des rivières, il faut instaurer un système d’alerte communautaire. Ceci implique la mise en place d'outils spécifiques comme par exemple : La sirène, les médias locaux, des moyens de communication téléphonique,...
BAENI KABIONA Delphin,
Conducteur des activités Diagnostic participatif dans le village de Minova.
(*) Projet ECOmalaka Afin de protéger les ressources naturelles du Parc des Virunga et l’habitat du gorille, tout en soutenant les besoins des populations locales, le WWF-Belgique et ses partenaires ont mis sur pied en 2007 un projet innovateur de reboisement. Ce projet, intitulé ECOmakala, consiste à produire du charbon de bois durable, « l’éco-makala », dans les zones périphériques du parc.
BAENI KABIONA Delphin a 36 ans, marié et père de 3 enfants. Licencié en Développement Rural depuis 2010 à l'Institut Supérieur de Développement Rural de Grand Lacs ISDR/GL, il habite en République Démocratique du Congo dans la Province du Nord Kivu, Ville de Goma, Commune de Karisimbi.
Nommé superviseur de l’Axe MINOVA – BWEREMANA dans le cadre du Projet ATEDD, pour le compte de la Fondation MATENDO. Il est également conducteur des activités Diagnostic participatif, dans le village de Minova.