Depuis le début de l’année 2025 la situation sécuritaire dans la zone concernée s’est considérablement dégradée. La ville de Goma a été investie par le Mouvement rebelle M23 soutenu par le Rwanda. Le conflit continue de se déplacer en direction de Bukavu, la grande ville du Sud, et touche ces jours-ci directement le territoire de Kalehe et la Chefferie de Buhavu..
C’est dans cette chefferie que vit et agit le Groupe Espoir de Vivre, qui anime avec un dynamisme tout particulier le groupe local du RIEH et ATEA. Dans la guerre qui fait rage, les deux parties s’en prennent à la population, le viol des filles et des femmes étant l’exaction malheureusement la plus répandue. La population a dû fuir dans les montagnes, leurs maisons et leurs réserves ont été pillées.
Par la voix d’Éric et de Marie-Solange, qui ont été les organisateurs de ma dernière mission et que je connais donc très bien, ils nous lancent un appel à l’aide. Vous voyez leur visage dans l’illustration figurant sur le formulaire de don ci-joint.
Il s’agit de leur apporter un soutien financier immédiat, de leur manifester notre solidarité dans la situation de grande détresse où ils se trouvent et de jeter les bases de la reconstruction qui se fera un jour. Car, ils le disent, ils continuent à être déterminés à organiser la capacité collective de la population à faire face aux défis communs de la misère, de l’insécurité et de la malgouvernance. Avec nous, ils appellent cet objectif l’Économie humaine.
Je peux vous assurer que les moyens que votre don permettra de rassembler seront bien utilisés à cette fin. Ce don ouvre droit à une déduction fiscale de 66%.
Ce geste est un moyen de ne pas céder au sentiment d’impuissance qui nous envahit face à un monde où s’affirme sans complexe la loi du plus fort. Montrons que nous partageons une commune humanité où la dignité de chacune et de chacun doit être respectée.
Michel TISSIER
Calviac en Périgord, le 12 février 2025.
Kalehe, le 01 / 02 /2025
N° 02 / GEV / KLH / FEV / 2025
Copies pour information à / au :
- Son Excellence Madame la Ministre des Affaires Étrangères de la République Démocratique du Congo à KINSHASA.
- Au Représentant des Systèmes des Nations Unies en République Démocratique du Congo à KINSHASA.
- Conseiller du Chef de l’État et Chef de Missions au Sud-Kivu Monsieur Pacifique KAHASHA à KINSHASA.
- A tous les Ambassadeurs accrédités en RDC,
- A tous les Honorables députés Nationaux du Territoire de Kalehe à KINSHASA
- Excellence Monsieur le Gouverneur du Province du Sud-Kivu à BUKAVU
- A tous les Honorables députés Provinciaux du Territoire de Kalehe à BUKAVU.
- Monsieur l’Administrateur du Territoire de Kalehe à KALEHE.
- Leurs Majestés Bami et Chefs des Chefferies de Buhavu et Buloho à KALEHE.
Objet : Lettre de Plaidoyer en faveur de la paix et Sécurité au Sud-Kivu et au Nord-Kivu en RDC.
- Au Secrétaire Général des Nations Unies, Monsieur Antonio Guterres et Représentant de la Communauté International à New York.
Monsieur le Secrétaire Général,
L’honneur nous échoit de venir auprès de votre haute autorité, vous adresser ce dont l’objet est repris en marge.
En effet, nous sommes G.E.V. et Groupe local R.I.E.H., une organisation de droit Congolais et un Réseau International pour l’économie humaine, œuvrant pour le respect des droit de l’homme, la promotion de la culture de paix et la sécurité au Sud-Kivu et au Nord-Kivu, nous venons vous alerter sur la situation sécuritaire à l’Est de notre Pays qui est Préoccupante, notamment : les citoyens Congolais continues à mourir, des Innocents perdent leur vie et des milieux des personnes se déplacent sous vos yeux.Étant une synergie d’actions d' organisations de Jeunes et de Femmes épris de justice et de paix sur le terrain à Kalehe au Sud-Kivu et au Nord-Kivu, nous sollicitons auprès de vous une décision pour mettre fin à cette guerre, l’urgence actuellement est de protéger les restes des populations vulnérables qui sont au Sud-Kivu, en Territoire de Kalehe dans l’axe Minova où les M23 s’est installé depuis deux semaines déjà et au Nord-Kivu(Ville de Goma) car le danger est éminent face à l’escalade du conflit.
Nous, Peuple Congolais avons marre après plus de deux décennies que les conflits persistent, une guerre qui continue à tuer les vies des innocents malgré les preuves et témoignages répétés sur ces conflits (confère les différents rapports de la Monusco et autres experts sur la guerre de l’Est en RDC).
Cependant, nous vous rappelons qu’ à ciel ouvert, les conséquences de cette guerre sont très lourdes : les bombardements touchant les camps de personnes déplacées, les enlèvements des jeunes à Minova sur notre Territoire pour intégrer les groupes armés par force et ou à destination inconnue, le travail forcé des jeunes et des enfants, la prise des populations civiles comme des cibles tel est le cas de bombardement des camps des déplacés, la destruction des habitations des civils, les violences sexuelles et basées sur le genre, les violations flagrantes des droit de l’homme, les écoles, les églises et autres institutions publiques sont plein des personnes déplacées et des milliers des enfants sont privés du droit à l’éducation, les femmes, les enfants et les jeunes sont des premières victimes et vivent sans assistance humanitaire.
Monsieur le Secrétaire Général de l’ONU et Représentant de la Communauté Internationale, Comme acteur de la société civile à l’Est de la RDC, nous sommes des voix, des personnes sans voix, dans le souci de sauver des vies, de contribuer à la protection des personnes vulnérables : des enfants, des personnes vivant avec handicap, des femmes et des jeunes. Nous sollicitons d’urgence, votre intervention pour arrêter ces tueries, d’inviter toutes les parties impliquées dans ce conflit à arrêter les violences perpétrées dans la Province du Sud-Kivu et Nord-Kivu et soutenir les humanitaires à apporter des réponses immédiates d’aide aux personnes déplacées dans l’esprit de l’économie humaine. Aussi, ne restez pas sous silence, sanctionner les acteurs impliqués dans les violations graves des droits humains à l’Est conformément à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, la Résolution 2250, la Résolution 1325 et autres textes légaux qui protègent les personnes en détresse.
Nous demandons que ceux qui progressent au Sud-Kivu, arrêtent cette violence, car trop c’est trop !A titre de rappel, l’article 1 de la D.U.D.H. stipule que : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux, en droit et en dignité », la violation des droits de l’homme sous les yeux de la communauté internationale est une injustice vis-à-vis du peuple meurtri de la RDC. Les diplomates qui nous lisent en copie sont appelés à agir également car ils tous acteurs du changement et de la paix au vu de la situation qui prévaut dans notre Pays et se référant à leurs missions visant à renforcer les relations internationales.
En RDC ; Nul n’est épargné car même les contingents de la paix sont touchés, la vie mérite d’être vécue.Monsieur le Secrétaire Général, c’est l’heure de la solidarité, vous avez le pouvoir et l’autorité pour secourir ceux qui pleurent en RDC les situations indignes, la faim, ceux qui violent les droits humains n’ont pas le dernier mot, l’espoir est là, Tout être humain a le droit de vivre, d’avoir les moyens de se nourrir, de se vêtir, de se loger et de vivre en paix, il n’est pas question que les autres changent le monde mais c’est important de prendre l’initiative et la responsabilité de le faire soi-même. Veuillez agir en faveur de la paix en RDC s.v.p. !
Veuillez agréer l’expression de nos sentiments distingués.
Pour l’association GEV et le Groupe Local du RIEH Kalehe,
Eric Bisonga,
Président de GEV-asbl
Et Coordonnateur du Groupe Local du RIEH-Kalehe.
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La bonne nouvelle – employons ce mot en ces jours de Noël – c’est que dans les pires situations, nous autres, êtres humains, nous voulons coûte que coûte garder espoir, ne pas nous résigner, agir pour ouvrir une voie vers un avenir désirable.
La plus forte image de cette résilience par l’action collective, ce sont deux groupes de femmes que j’ai rencontrées et qui m’ont accueilli si chaleureusement.
Les premières sont à Kalehe (Actualité 2). Ces femmes travaillent dur. Elles doivent à la fois faire vivre leur ménage, travailler dans les champs et dans les jardins potagers autour des maisons, mener des activités génératrices de revenu (AGR, comme on dit dans le jargon des ONG et des bailleurs), aller chercher l’eau et le bois. Au sein du Groupe Espoir de Vivre, elles se retrouvent pour se former, s’entraider, se donner mutuellement du courage. Elles s’organisent dans une Association villageoise d’épargne et de crédit (AVEC) pour collecter chaque semaine une cotisation minuscule qui constitue un petit capital prêté à l’une d’entre elles pour développer son activité. Elles ont engagé un dialogue avec des femmes de Confluences-Kivu, un collectif créé par des amis et des proches auxquels je raconte depuis plusieurs années maintenant ce qui se vit et s’agit là-bas. J’ai pu apporter aux femmes de Kalehe la vision de l’économie humaine qu’elles se sont approprié.
Elle se décline concrètement avec la proposition de développer sur leur territoire l’apiculture avec l’accompagnement de Michel Jandarme un passionné de cette activité, membre du RIEH de Bukavu. Avec les petits moyens apportés par Confluences-Kivu, elles vont pouvoir acheter les équipements nécessaires. Elles vont participer ainsi à ATEA. Elles le feront aussi en développant des jardins potagers autour de leurs maisons, en plantant des arbres dans les concessions où elles travaillent.
Les secondes sont dans l’immense camp de personnes déplacées de Bulengo (Actualité 13). Elles ont appris à fabriquer des briquettes de charbon vert qu’elles utilisent pour faire la cuisine à la place du charbon de bois dévastateur pour l’environnement. Elles ont aussi découvert la force du groupe qu’elles ont formé à cette occasion avec des femmes qui ne sont pas de leur village et de leur tribu. Elles vont continuer à produire et apprendre à d’autres femmes à produire ces briquettes qu’elles ne connaissaient pas auparavant et qui sont de très bonne qualité pour la cuisson. C’est la Fondation Matendo, membre du RIEH, qui a su les organiser et trouver la subvention qui a permis d’acquérir les équipements et de les former.
Maintenant que la subvention est épuisée, le RIEH Kivu va continuer d’accompagner la coopérative qu’elles vont créer. Et en vendant les briquettes elles vont pouvoir acquérir elles-mêmes les équipements nécessaires pour se développer. J’ai apporté aussi grâce à Confluences-Kivu une contribution modeste mais appréciée : des bidons de lessive pour laver leurs vêtements de travail.
Finalement, ATEA est lancée.
A Kalehe, la Chefferie a appelé dans une réunion publique, tous les acteurs du territoire à participer (Actualité 4) ATEA, c’est tout simplement l’ensemble des actions menées sur le territoire pour l’environnement et l’agriculture, qui contribuent à des objectifs communs. Toutes les organisations et personnes qui le veulent s’engagent dans une fiche d’engagement précisant ce qu’ils veulent faire et le résultat qu’ils visent pour 2025. Une synthèse est faite par une instance de pilotage qui donne du sens à l’ensemble et appelle si besoin à des actions complémentaires. Une équipe d’animation suit la réalisation effective des engagements et fait état à ‘instance de pilotage des problèmes rencontré.
A Kalehe, l’équipe d’Eric Bisonga a déjà réalisé la fiche d’engagements (actualité 12) et compte bien en signer une quarantaine avant fin janvier.
A Buzi, une rencontre préparatoire a eu lieu (actualité 11) et la Mwamikazi, cheffe du Groupement, a décidé de prendre la tête d’ATEA. (actualité 14) Une réunion publique viendra prochainement faire le lancement officiel.
A Kiniezire et sur le groupement de Mbinga-Nord, Musa et Daniel se concertent pour voir comment mettre en place ATEA dans les semaines qui viennent en concertation avec le chef de Groupement.
Dans la Chefferie des Bahunde, particulièrement touchée par les conflits armés, le Mwami se tient prêt à lancer ATEA dès que possible.(Actualité 9) Il va même appeler les organisations et les personnes qui ne se sont pas déplacées à mener des actions pour l’environnement et l’agriculture en ville, même dans la situation actuelle.
Il est possible qu’il y ait aussi une ATEA à Goma en soignant l’environnement et en développant l’agriculture et l’apiculture en ville.
Sur tous ces sites, ce sont les groupes locaux du RIEH qui sont à l’initiative. Ma visite a permis de les remobiliser. Les liens se sont resserrés et ils vont désormais se poursuivre à distance, jusqu’à une prochaine visite fin mai/début juin.
J’ai été aussi amené à trouver les mots pour parler de l’économie humaine de façon compréhensible (Actualité 5). C’est quand chacun développe son activité en coopération avec les autres, poursuivant à la fois son intérêt personnel et l’intérêt de la communauté. J’ai opposé une économie où on gagne ensemble et une économie où chacun se bat contre les autres. Les réactions semblent montrer que j’ai été compris.
Mission accomplie donc, mais la prochaine étape est de trouver comment se mobiliser en RDC, au Kivu, en France et en Belgique pour trouver comment continuer à appuyer, accompagner la dynamique suscitée par la mission :
Il me vient l’idée de développer un nouveau concept : celui de coopéraction. La coopéraction c’est l’action commune qui se mène sur les différents territoires au Kivu.C’est aussi ce que je veux développer en rentrant, d’abord dans le Périgord Noir où je vis, mais aussi partout où des personnes et des organisations voudront prendre des initiatives en France et en Belgique, l’ancienne puissance colonisatrice, pour des échanges avec des personnes et des organisations au Kivu.
Et ce pourrait aussi être ce que nous développons ici, en France et en Belgique, pour agir ensemble face à nos défis communs. Peut-être que nos amis là-bas sont en train de nous montrer le chemin que nous devons suivre ici.
séchage des briquettes de charbon vert sur une clayette par le goupe des femmes
Je suis accompagné par Jean-Louis, l’ancien chef de projet d’ATEDD, Delphin, le chef de projet de Matendo, Daniel un animateur de Matendo et Ambroise, mon ami et mon guide qui devient notre technicien expert en énergies alternatives non seulement aux énergies fossiles, mais au bois de chauffe et au charbon de bois.
C’est très impressionnant. Dans le camp de Bulengo où nous nous rendons, le dernier recensement compte 38 000 ménages. Comme les ménages au Kivu comptent en moyenne 6 à 7 personnes, c’est environ 250 000 personnes qui vivent ici. Un océan de tentes blanches.
Ce n’est pas du tout l’objet de ma mission d’observer ces camps, si nombreux de par le monde. Je ne fais que passer. Ce qui me frappe, c’est que les gens ont reconstitué la vie des villages : les étals, les petits commerces, les motos. C’est aussi que c’est administré : il y a des points d’eau, des toilettes, des centres de santé, des ouvriers d’entretien, des personnels d’ONG avec leurs gilets affichant leur logo. Il y a certainement plus de services qu’au village d’où viennent toutes ces personnes. Ce qui marche le moins bien c’est l’école. Je vois aussi un terrain de foot. Et des jeux d’argent sont installés en plein air (voir la photo). Il y a toujours des profiteurs pour exploiter la crédulité des plus pauvres.
La Fondation Matendo a installé pour chaque groupe un « hangar » en bois, avec un grand auvent qui sert d’atelier avec les machines (carbonisateur, broyeur, presse). Les déchets alimentaires et agricoles et les briquettes pressées sèchent dehors.
6 groupes de 30 femmes chacun ont été constituées. Elles ont été formées. Elles ont produit au total 26 tonnes de briquettes de charbon vert pour les mois d’octobre et novembre.. A ce stade les briquettes servent exclusivement à leur usage personnel. Elles ne sont pas vendues
Sur chacun des trois sites, l’accueil est enthousiaste avec des chants et des danses. Elles sont toutes là. Elles ont pris leurs dispositions pour que les enfants soient gardés chez elles. Seuls les tout petits qui tètent encore sont accrochés selon la méthode traditionnelle.
Tout se déroule en swahili, quelqu’un me traduisant à l’oreille. Je suggère des questions à Jean-Louis et il les pose avec les mots qui permettent qu’elles soient comprises. Je rends compte de leurs principales expressions.
Elles insistent d’abord sur le fait qu’elles ne sont plus obligées d’aller chercher du bois dans le Parc de Virunga. C’est loin et surtout le risque de violences et d’agressions sexuelles est très grand.
En fabriquant leur propre briquette, elles économisent l’achat de charbon de bois pour faire la cuisine. C’est entre 5000 et 6000 F congolais par jour, soit environ 2 $, sachant que le PIB par habitant et par jour en RDC est de 4,25 $. Elles sont très satisfaites d’avoir appris un métier. Toutes disent qu’elles continueront à produire des briquettes quand elles rentreront dans leur village ou leur ville. Elles sont fières de subvenir elles-mêmes à leurs besoins, bien qu’elles soient loin de chez elles. Elles sont très heureuses d’avoir formé leur groupe, où elles sont unies, se soutiennent alors qu’elles viennent de villages très différents de tribus différentes.
La plupart d’entre elles ont subi des violences et ont été traumatisées. Elles retrouvent leur dignité, tout simplement le goût de vivre. Je me dis qu’avec elles, le terme de résilience n’est pas usurpé.
Dès le début et tout au long des échanges, elles mettent en avant un problème majeur.
Elles sont enviées par les autres femmes qui auraient voulu être intégrées dans les groupes. A l’échelle du camp, 180 femmes, ce n’est pas beaucoup. Elles se disent donc prêtes à former les autres pour que toutes celles qui le veulent puissent produire des briquettes. Comme le marché est immense, et que les déchets alimentaires et agricoles sont très abondants dans la zone, il est très certainement possible d’augmenter le nombre de productrices. Il faudrait les aider pour les machines et les hangars, mais cette aide peut prendre la forme d’un prêt à rembourser par la vente des briquettes produites.
En circulant dans le camp avec Jean-Louis et Ambroise, nous voyons une tente devant laquelle sont entreposées les briquettes. Ils interrogent la femme qui les utilise. Elle est très satisfaite. Pour chauffer une soupe, 7 briquettes suffisent, alors qu’il faut le double de charbon de bois.Les briquettes ne font pas de fumée qui salit les casseroles et empoisonne l’atmosphère. Il n’y a pas de risque d’incendie dans la tente.
En repartant, nous sommes raccompagnés par les femmes qui chantent un chant en swahili promouvant, me dit-on, les droits des femmes. Elles ont appris ce chant lors d’atelier de sensibilisation auxquels elles ont participé. Elles le connaissent par cœur et le chantent avec beaucoup d’entrain.
Pour la suite il faut les accompagner pour s’organiser en une entreprise de production réunissant les 6 groupes. Cette entreprise devra concilier trois objectifs complémentaires: produire plus de briquettes pour répondre à leur besoin ménager en combustible et en avoir à vendre pour améliorer leur revenu et couvrir les coûts de production (y compris l'entretien, réparation et renouvellement des équipements) . La Fondation Matendo avec Delphin et Ambroise apportera ce soutien. Elle attend elle-même que le RIEH la soutienne.
Au total, je retiens d’abord la force de caractère de ces femmes qui se voit dans leur regard, le ton de leur voix, leur participation active aux échanges. Leur priorité c’est d’affirmer leur dignité en produisant le combustible dont elles ont besoin, en vendant le surplus pour disposer d’un revenu, en s’organisant, en s’entraidant. C’est la base de l’économie humaine : répondre aux besoins de chacune et de toutes par le travail de chacune et de toutes.
Elles sont la preuve que même dans les pires conditions, l’être humain, femme ou homme, a en lui les ressources pour ne pas se laisser emporter par son destin, mais pour en être l’acteur. Ces femmes font preuve d’empowerment, de capacité
d’émancipation et d’autonomie. Elles donnent du sens au slogan publicitaire « parce que je le vaux bien ». Mais c’est un nous collectif : « Parce que nous le valons bien », soyez avec nous. Soyons avec elles.
Michel Tissier
L'honorable Mwamikazi est placée en tête de table. A sa droite Michel à côté de Gilbert. De l'autre côté : à sa gauche Désiré et Ambroise.
La rencontre a eu lieu à l’hôtel Serena (Goma) en compagnie de : Gilbert Masumbuko (originaire du groupement de Buzi), de Désiré Bahati (Président de CADRE) et d’Ambroise Paluku (Personne ressource pour le développement de l’entreprenariat).
Quand nous lui avons présenté ATEA, elle s’est immédiatement déclarée partante.
Elle fait siens les 6 objectifs, mais elle demande d’ajouter celui de fleurir le territoire et d’en faire un territoire propre.
Un événement sera prochainement organisé pour un lancement officiel où elle appellera les Bashamuka et représentants de la population à participer. Elle insiste sur l’importance d’impliquer les Notabilités, les leaders traditionnels qui entourent le Mwami (les Bashamuka) et pas seulement la société civile. Pour financer ATEA, elle décide de créer une Fondation.
Le Comité local de développement du Groupement tiendra une réunion mensuelle pour faire la synthèse des engagements contribuant à ATEA et en faire le suivi. Le Groupe local du RIEH jouera un rôle déterminant dans la mise en œuvre de ce qui est décidé lors de ce repas.
C’est à lui qu’il incombe désormais de donner des suites à cette rencontre stimulante. Je participerai aussi à distance à cette mise en œuvre.
Bien sûr l’ambition affirmée par la Mwamikazi contraste avec la grande difficulté que connaît le Groupement et particulièrement Minova, durement frappée par un naufrage catastrophique et submergée par l’afflux de personnes déplacées et c’est à la porte de la ligne de front entre le M23 et les Forces Armées de RDC. Mais c’est aussi tracer une voie pour l’avenir, c’est un acte de résilience.
En quittant l’hôtel, elle me demande si le Groupement peut devenir membre du RIEH et j’accepte évidemment avec enthousiasme. A moi et à nous de répondre à l’honneur qu’elle nous fait et à la confiance qu’elle nous accorde.
Michel Tissier