Luc CIMUSA KULIMUSHI
Luc, 30 ans, est expert en études environnementales et chercheur au centre CEREIAD-UCB.
Dans le cadre du projet ATEDD, il joue le rôle de référent environnemental.
Il a un grand intérêt et une grande passion pour la recherche scientifique dans son ensemble, notamment sur la dégradation des terres, la gestion des risques de catastrophes, l’aménagement des bassins versants, l'hydrologie et le changement climatique.
Il a publié de nombreux articles scientifiques dans des revues internationales de renom, dont vous trouverez les détails ici.
https://scholar.google.com / citationsuser=ek8uay
Glissement de terrain à Bushushu. (avant)
Glissement de terrain à Bushushu. (après)
Cette étude s'est concentrée sur les ménages en caractérisant leurs profils socio-économiques, en évaluant leur implication dans la gestion des risques de catastrophes, en comprenant leurs pratiques agricoles en général, mais surtout en évaluant leurs engagements en tant que communautés sur différentes questions. Cette enquête a eu lieu du 6 au 19 avril 2022 et s'est concentrée sur les villages d'intervention du projet, à savoir Bushushu, Kiniezire et Minova dans le territoire de Kalehe dans la province du Sud-Kivu et Bweremana dans le territoire de Masisi dans la province du Nord-Kivu.
La méthodologie utilisée était basée sur un échantillonnage aléatoire simple, et la distribution géographique était représentative (bas et hauts plateaux) car les villages ont été subdivisés en sous-villages, et tous ont été inclus dans l'échantillon.
L'enquête a impliqué la participation de 400 ménages composés de plus d'hommes que de femmes, pour la plupart mariés, avec une tranche d'âge de 25 à 39 ans, issus de leurs villages respectifs (environ 30% de déplacés), et dont la majorité n'a fréquenté que l'école primaire. L'agriculture est la principale source de revenus de ces ménages, avec un revenu mensuel moyen estimé à 60 $ cogéré par l'homme et la femme. Les ménages ont une taille moyenne de 8 personnes, dont au moins 5 sont des enfants de moins de 16 ans et environ 3 sont des adultes de plus de 16 ans.
Les résultats ont révélé que les catastrophes naturelles sont plus fréquentes mais à des intensités différentes. Les plus dangereuses en termes de pertes de vies humaines et de dommages matériels sont les inondations et les glissements de terrain (éboulements). Le niveau de vulnérabilité au niveau des villages est également diversifié, bien que tous enregistrent des cas d'inondations et de glissements de terrain. En haut de l'échelle de vulnérabilité se trouvent Bushushu, ≥Bweremana >Minova et en bas Kiniezire. Cette vulnérabilité est principalement le résultat de la forte exposition aux inondations dans les zones inondables ainsi que la topographie accidentée sujette aux glissements de terrains qui conduisent aux éboulements.
Il n'existe aucun plan de gestion des catastrophes dans tous les villages, aucune politique gouvernementale visant à réduire les risques et aucun système d'alerte précoce malgré le niveau de vulnérabilité de ces villages. En outre, la majorité des personnes interrogées ont déclaré que rien n'est fait au niveau local pour faire face à ces catastrophes en raison du manque de coordination, d'organisation et de prévention, ce qui est évident puisque 97% ont déclaré qu'ils obtiennent des informations sur les catastrophes après qu'elles se soient produites, et parfois à travers de rumeurs dans la communauté, comme l'ont déclaré 87% des personnes interrogées.
La superficie occupée par les forêts a considérablement diminué au fil des ans et aucun effort n'est fait pour inverser la tendance, et les communautés ne sont pas suffisamment informées des effets négatifs de la déforestation. Les ménages (100%) n'utilisent que la combinaison du bois de chauffage et des braises pour la caisson, c’est qui augmenterait la pression sur les ressources forestières, et d’ailleurs, la majorité (50%) ne connaît pas d'autres sources d'énergie alternatives d'où la nécessité de fortes sensibilisations.
Les ménages ne connaissent pas les pratiques agroécologiques, peut-être en raison du manque de vulgarisation comme l'indiquent environ 71% des personnes interrogées, alors qu'ils pratiquent l'agriculture de colline et de petite montagne, ce qui a entraîné la baisse signalée de la fertilité du sol en raison de l'érosion et d'autres facteurs. La majorité des ménages (près de 64%) cultivent sur des parcelles de moins d'un demi-hectare et pratiquent l’association de cultures pour diversifier la production. Il convient de noter que la rotation des cultures n'est pas pratiquée dans ces zones. Les cultures les plus courantes sont: Le manioc, les haricots, le café et le maïs.
La majorité des répondants (54%) sont membres d'une association quelconque, mais ils déclarent également ne pas recevoir d'aide ou de soutien de la part des organisations. Ils souhaiteraient être formés dans divers domaines, notamment l'amélioration de la production agricole, la gestion des risques de catastrophes, l'organisation d'une association d'épargne et de crédit et la gestion des conflits. Les conflits fonciers restent les plus courants, comme l'indiquent près de 70 % des personnes interrogées, et la majorité d'entre elles ont eu à participer plus de deux fois à des séances de sensibilisation à la résolution pacifique des conflits.
Il n'existe pas de plan de développement local dans tous les villages interrogés, alors que les communautés souhaiteraient voir dans ce plan les secteurs prioritaires pour le développement de leurs villages, les infrastructures prioritaires, etc. La majorité des personnes interrogées ont également indiqué qu'il n'y a pas de séances de sensibilisation ou de réunions communautaires organisées dans leurs villages respectifs.
Ces lignes représentent en gros les résultats préliminaires de l’enquête, mais le rapport complet sera partagé dans les prochains jours..
De haut en bas et de gauche à droite :
Figure 1. Absence de la courveture végétale et mauvaises pratiques agricoles dans le sous village Ndumba du village Bweremana.
Figure 2.Figure 2. Des salles des classes abandonnées suite à la submersion due aux crues régulières de la Rivière Mweya.
Figure 3. Eboulement des terres sur les berges de la rivière Renga.