En marchant dans les rues de Bweremana, une bourgade située sur la côte ouest du lac Kivu, je découvre ce panneau d’information.
C’est d’abord le titre qui attire le regard et je me dis qu’il est étrange de vouloir présenter dans ce village où chaque personne se démène pour gagner le peu d’argent qui la fait vivre très péniblement la différence subtile entre deux concepts bien formels.
Puis je vois le dessin et je me dis que l’illustration est excellente pour expliquer cette différence. Un coup de chapeau au concepteur. A nous d’être aussi habile pour expliquer l’économie humaine, qui est une notion bien abstraite pour les personnes qui l’entendent pour la première fois.
Il y a là sans doute la trace d’un de ces nombreux projets portés par des ONG ou de grandes institutions internationales. Un projet de sensibilisation sur l’égalité de genre vraisemblablement. On rencontre beaucoup de panneaux de ce type dans les villages ou sur les routes. Chaque « projet », chaque bailleur veut laisser une trace de son passage. Mais qu’en reste-t-il vraiment dans les têtes et dans le cœur des passants ? Déjà la peinture est défraîchie et bientôt le panneau sera illisible. En fait, une part très importante des « politiques publiques » en RDC est ainsi prise en charge par les ONG, le plus souvent internationales. Pour être sûr d’avoir des participants aux ateliers de sensibilisation ou de formation qu’elles organisent, elles leur distribuent un petit pécule. Les projets succèdent aux projets, les panneaux et les pancartes s’accumulent. Mais les situations ne changent pas. A nous de savoir mieux faire. Ne laissons pas de panneaux ATEDD. Mais que les Plans d’action communautaires lancés avec ATEDD continuent d’être mis en œuvre.
Michel Tissier, billet du Kivu, 15/05/2022