Préparer les repas faits maison, avec la nourriture locale traditionnelle consiste à faire en permanence quatre actions: pénétrer dans les plantations, dans les champs et dans la campagne pour collecter les intrants, les matières premières, et toutes sortes de colorants et arômes. Une fois choisis, collectés et emballés, ils doivent être ramenés à la maison. À la maison, vous procédez à la sélection de ces ressources indispensables pour préparer une recette. Enfin, vous devez élaborer le plat .
Paroles d'une femme ejidataria de Morelos
. Préparer la nourriture dans la ville, c'est aller aux marchés, les supermarchés, et magasins pour acheter tous les produits et aliments nécessaires. La préparation est rapide ou lente selon les produits utilisés. Disposer des appareils ménagers permet de gagner du temps pour d'autres activités. Mais la nourriture élaborée avec des produits, des assaisonnements et des colorants artificiels ne préserve pas l'unité avec la terre, le territoire et la vie naturelle.
Mots d'une mère célibataire de Morelos
Nos fils et nos filles dans les écoles et dans la rue mangent des produits transformés qui ne rassasient pas, mais font grossir. Les sept T sont largement consommés : tartes (gâteaux), tacos, tamales, tlacoyos, tostadas, teleras et tortillas. Ces repas sont un mélange de cuisine traditionnelle avec de la nourriture moderne. Il est impressionnant de voir quand les garçons et les filles mangent, que leurs uniformes se salissent de graisse, d'huile, de beurre et de colorant alimentaire. Quand ils ont fini de manger, ils montrent leur visage plein de joie et en même temps trempé de sueur à cause des épices à l’image du repas qu’ils viennent d’avaler ».
Paroles d'une personne âgée qui amène et ramène toujours ses petits-enfants à l'école.
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Ces paroles ont été éclairés par la déclaration d'une personne âgée indigène Mazahua :
Pour vivre, il faut marcher que ce soit la nuit ou le jour
Chaque pas qui est fait, est tourné vers un objectif et un but poursuivi
Subsister, c'est chercher, collecter, transporter, entretenir, stocker et préparer
Préparer le repas est le résultat d’un effort constant.
Manger est l’aboutissement d’un dur travail
Les propos de Mme CRECENCIA condensent avec précision et clarté ce qu’est la lutte quotidienne pour la vie et la subsistance.
La condition pour rester vivant est mouvement, déplacement et travail.
Doña Mercedes, une habitante de HUEYAVAPAN (sur le flanc du volcan actif Popocatépetl) à Morales, nous a emmenés dans la partie haute du volcan à Tetela et nous a montré une vue panoramique. En descendant vers la vallée, elle nous dit :
Vous qui nous parlez d'économie humaine, vous savez sûrement que la vie est délicate et pleine de mystères. Cela ressemble à ce que vous voyez en ce moment : c'est vert, c'est bleu et c'est scintillant. Au loin, vous pouvez voir les collines et les montagnes. Au premier plan, vous pouvez voir la forme et la taille des arbres. Cela vous donne envie de sentir la terre, de prendre l'air et de profiter du vent. De là les maisons ont l’air de brosses. Les creux, les descentes et les montées sont visibles apparaissent. Voir loin c’est observer la surface, mais sous cette verdure se meut la vie. La vie dépend de tout ce qui nous entoure.
Apprécier ce que c'est de vivre, c'est trouver compagnie et amitié avec tout ce qu'il y a.
En grimpant, on est fatigués. Lorsqu’on lève la tête, on voit loin.
Quand on regarde le sol, on voit la poussière, l'herbe et la litière des feuilles sur le sol. La vie ici, c'est marcher sur des routes pleines de pierres, de poussière, de trous, de hauts et de bas. Pour avoir de la nourriture, des boissons, des vêtements, des chaussures et la santé, il faut transpirer beaucoup, travailler dur, bouger et agir. L'économie que nous avons est celle de la survie.
Je pense que c'est ce qu'on appelle l'économie humaine.
Au cours de la tournée dans plusieurs communautés, villages et petites villes, nous avons pu détecter quatre éléments qui définissent le territoire sur lequel opère l’économie humaine : - la richesse du sol contenant les ressources naturelles, avec ses grands dénivelés, et qui sont inégalement réparties; - les populations qui se consacrent à une diversité de tâches, d’occupations, de métiers et d’activités pour prendre en charge et satisfaire leurs besoins; - le contraste entre la vie urbaine et rurale qui apparaissent comme deux pôles opposés de la civilisation et du bien-être ; - le déplacement de l’eau vers d’autres lieux qui laisse certains endroits sans la dotation du liquide vital.
En allant sur le terrain, en ressentant la chaleur et le froid selon les altitudes parcourues, nous sommes parvenus à percevoir COMMENT l’économie humaine dans les villages et les communautés est imbriquée dans les phénomènes naturels, dépendant de la proximité et de l’éloignement, du passé et de l’avenir, et par la combinaison de la nature, de l’histoire et de la spiritualité. « C’est là que se trouvent la surprise, le mystère, la force et l’élan ».
Nous considérons qu'il est important dans le fonctionnement de l'économie humaine de prendre en compte trois dimensions :
Les réalisations, les acquis et les apports du passé constituent le patrimoine qui anime l’action, la réalisation et le développement d’aujourd’hui.
Le présent est une ouverture sur le passé et un regard vers l'avenir.
Dans, avec et à travers l'économie humaine on part d'un lieu considéré comme origine et on va vers une destination qui est le but et l'espace d'arrivée.
La marche des territoires vers l'économie humaine est la poursuite d’efforts, des sacrifices, des travaux et des aspirations de plusieurs générations. Les initiatives, les engagements, les plans et les actions d'aujourd'hui, certes plus efficaces et maîtrisées qu'hier, continuent de se mouvoir avec d’une part, l'application combinée des moyens et des fins, et de l’autre avec l'utilisation intensive du pouvoir, des technologies et de la connaissance. Les Responsables de l’économie humaine et du développement global des personnes et des collectivités, qui utilisent pleinement leurs disponibilités, capacités et compétences, voient toujours leurs résultats s’orienter vers la réalisation de la pleine satisfaction des besoins fondamentaux et à leur amélioration. L'économie humaine cherche ainsi l’être plus et mieux, l’avoir et la possession sont des moyens d'avancement, de développement et de progrès.
La crise sanitaire qui affecte le monde entier, en particulier les pays dits du Sud, ne s'arrête pas et ne peut pas arrêter la lutte pour la vie et pour la subsistance.
Les habitants, les populations urbaines, les familles et les personnes qui ne disposent pas d'une source de travail sûre et permanente contribuant à un revenu régulier pour couvrir leurs dépenses, ne peuvent pas rester en confinement. Rester à la maison, c'est ne pas avoir l'argent nécessaire pour assurer les moyens de subsistance C’est pour cette raison, que non seulement les activités informelles continuent à fonctionner, mais aussi transgressent les règles sanitaires imposées par les institutions de l'État national.