Fruit à pain
De nouveaux pains inventer avec des ressources locales
Expérimentation des différentes farines
Process de production : Les pâtons lèvent...
La directrice et son assistante en démonstration labo.
Devant des élèves attentifs et volontaires
L’Institut culturel Karl Lévêque (ICKL) a réalisé une mission d’intervention du 25 au 29 août 2024 à Marigot, dans le département du Sud-Est d’Haïti.
Cette mission avait pour principal objectif de démarrer un ensemble d’activités prévues dans le cadre du projet « Mobilisation territoriale pour la souveraineté alimentaire en Haïti», conçu de concert avec Développement et Civilisations (D&C). Ce projet vise à accompagner des populations locales ancrées dans des territoires donnés en Haïti dans la satisfaction de leurs besoins alimentaires.
Cet objectif se poursuit fondamentalement en encourageant un travail de réseautage entre des actrices et acteurs dont les potentialités ne sont pas exploitables de façon efficiente en dehors d’une collaboration systématique : associations d’épargne et de crédit solidaires, associations paysannes, entreprises sociales de transformation et commerçantes/ commerçants. L’ICKL et D&C ne disposent pas de ressources financières nécessaires à la mise en œuvre du projet. Mais les deux organisations se sont entendues pour appuyer TK de façon bénévole dans une première étape de l’expérimentation de l’animation du processus de mobilisation territoriale en faveur de la souveraineté alimentaire, le temps de pouvoir mobiliser des ressources en vue d’un passage à l’échelle.
C’est dans ce contexte que l’ICKL a organisé la mission du 25 au 29 août 2024 à Marigot.
Une première réunion a été organisée le 25 août avec les 4 catégories de réseaux concernés par le projet :
1- les cultivateurs/cultivatrices,
2- les associations d’épargne et de crédit solidaires,
3- la coordination communale de l’association paysanne nationale Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen (TK) et les gestionnaires de la boulangerie Pen Lakay,
4- le réseau de marchandes qui assure la distribution des pains de la boulangerie.
L’équipe de l’ICKL a pris le soin de présenter la logique du projet et a rappelé que l’idée de base a émergé au niveau de la coordination communale de TK.
Du 26 au 28 août, des réunions ont eu lieu de façon séparée avec chacune des quatre catégories de réseaux. Ces réunions ont été l’occasion d’aborder les responsabilités, attentes et défis spécifiques à chaque réseau. Les réseaux ont manifesté un grand intérêt pour le projet et la coordination communale TK a mobilisé, grâce à sa reconnaissance et son ancrage dans la commune de Marigot, d’autres acteurs/actrices : un ancien maire qui est aussi un potentiel agent intérimaire pour la municipalité dans le cadre du gouvernement provisoire et la directrice d’une école de pâtisserie. Pendant les réunions organisées séparément, chaque réseau a procédé au choix d’une personne appelée à le représenter dans un comité de pilotage.
Une dernière réunion a été organisée le 29 août en vue de procéder à la création du comité de pilotage. Il s’agit d’une structure locale appelée à assurer la coordination et l’animation constante du processus en absence de l’ICKL qui appuie l’animation. Le comité de pilotage est composé de 7 membres : un représentant du réseau des associations d’épargne et de crédit solidaire, un représentant des autorités locales, une 2 représentante des marchandes, une représentante des entreprises de transformation, un représentant du réseau des cultivateurs et cultivatrices, deux représentants de TK.
Avec l’appui de la directrice de l’école de pâtisserie et de son assistante, la boulangerie Pen Lakay a procédé à une première expérience de production de pains à base de farine de banane et de fruit à pain.
Plusieurs recettes (avec différents mélanges et dosages de farines, y compris la farine de blé) proposées par la directrice d’école de pâtisserie, ont été testées. Les animateurs / animatrices de l’ICKL ont pris des notes sur chaque étape de l’expérimentation. Ce travail de mémoire permettra d’élaborer à l’avenir un guide pour la préparation des nouveaux produits alimentaires transformés.
Quelques préoccupation et propositions formulées quant à la poursuite du projet
Sachant que le fruit à pain peut être facilement abîmé lors de la cueillette et du transport et que cela peut provoquer une saveur amère au niveau de la farine, quelles dispositions faut-il adopter pour garantir un approvisionnement en fruits à pain sains ? En réponse à cette question, plusieurs membres du comité de pilotage ont suggéré qu’un comité d’achat assiste à la cueillette et que le transport soit assuré à dos d’âne au lieu de le faire en voiture ou à motocyclette, surtout dans les localités d’accès difficile. La pomme de terre est disponible dans le département du Sud-Est certes.
Mais elle est chère comparativement à autres produits agricoles ciblés dans le cadre du projet : banane, manioc et surtout fruit à pain. Par conséquent, le coût de production des produits de consommation rapide à base de pomme de terre risque d’être élevé. Sur la base de cette considération, le comité de pilotage a proposé de concentrer la phase d’expérimentation sur les produits à base de banane, manioc et fruit à pain. Lors de la première réunion, les représentants des cultivateurs/cultivatrices ont suggéré que le partenariat avec les fournisseurs en produits agricoles inclue des clauses qui appuient financièrement la plantation de ces produits. Il s’agit d’une attente déjà prise en compte dans le projet.
Il a été convenu qu’après la mission, le comité de pilotage continuerait de tester la fabrication de nouveaux produits de consommation rapide au moyen de farines locales disponibles et entamerait l’expérimentation de la production de ces farines à partir de produits agricoles à la portée de la population locale.
Comme convenu, le comité de pilotage a procédé, en absence de l’ICKL, à une deuxième expérimentation en matière de fabrication de nouveaux produits, cette fois-ci à base de farine de manioc. Ce nouveau produit est très apprécié par une petite communauté où il a été testé, selon le principal gestionnaire de la boulangerie.
TK présentera ce nouveau produit dans le cadre d’une foire gastronomique qui sera organisée le 28 octobre 3 2024 à Cayes-Jacmel (une commune voisine de Marigot). Ce sera l’occasion d’évaluer auprès d’un public plus large l’appréciation de ce nouveau produit.
Mais la transformation des produits agricoles en farine n’est pas encore expérimentée parce que TK ne dispose pas de moulin approprié. L’ICKL a promis d’organiser une nouvelle mission à Marigot à la fin de l’année 2024 en vue de contribuer à la consolidation des résultats de la première mission et d’appuyer l’expérimentation de la transformation des produits agricoles en farine.
Le projet « Mobilisation territoriale pour la souveraineté alimentaire en Haïti » consiste à promouvoir la production, la transformation et la commercialisation de produits alimentaires locaux de qualité, en quantité suffisante, en accès constant, adaptés aux traditions locales, à des prix accessibles à une population disposant de très faibles revenus, tout en réduisant les effets néfastes sur les équilibres écologiques.
Le dispositif proposé s’organise au niveau local dans un Plan alimentaire territorial, piloté par un comité local, avec la participation des autorités locales. Il implique la collaboration entre des réseaux financeurs, à travers des associations d’épargne et de crédit solidaires (AECS) portées principalement par des femmes, des réseaux fournisseurs de produits agricoles, des entreprises de transformation et des réseaux distributeurs.
L’objectif général du projet est d’accompagner des populations locales ancrés dans des territoires donnés en Haïti dans la satisfaction de leurs besoins alimentaires.
Participants/.es directs/.es au projet : associations d’épargne et de crédit solidaires, organisations paysannes, entreprises de transformation agroalimentaire, réseaux de commerçantes / commerçants.
Participants / es indirects / es au projet : ménages à faibles revenus, notamment en milieu rural.
Autres parties prenantes : les autorités locales, les confessions religieuses, les leaders d’opinion, les radios communautaires.
Trois sites dans les communes de Marigot (département du Sud-Est), Verrettes (département de l’Artibonite) et Jean Rabel (département du Nord-Ouest) en Haïti.
Institut culturel Karl Lévêque (ICKL) : Centre d’intervention sociale et de recherche-action en éducation populaire. Il a de longues expériences en économie sociale et solidaire, renforcement de capacités, réseautage et concertation multi-acteurs/actrices.
Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen (TK-Marigot) : Il s’agit de la structure communale de l’organisation paysanne nationale Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen à Marigo (TK-Marigot) dans le département du Sud-Est.
Lite pou Demen Nou (LIDE-N) : LIDE-N est une organisation d’accompagnement basée et intervenant principalement à Jean Rabel dans le département du Nord-Ouest. Elle travaille dans les domaines de l’agroécologie, l’équité de genre et l’accompagnement d’associations de femmes dans la gestion d’une entreprise sociale de transformation agroalimentaire.
Fondasyon Sè Dadou : Elle est une structure d’accompagnement d’association paysanne à Verrettes dans le département de l’Artibonite. Ses engagements portent particulièrement sur l’accès la terre, l’accès aux intrants agricoles, la gestion des récoltes et l’accès à la scolarisation en milieu rural.
Développement & Civilisations (D&C) : D&C anime le Réseau international pour une Economie humaine auquel appartient l’ICKL. Elle est porteuse des leçons de nombreuses actions de développement intégral de la personne humaine menées sur 4 continents depuis les années de la décolonisation jusqu’à nos jours.
Le projet est guidé par une logique d’intervention fondée sur les axes suivants :
1- La mobilisation d’un ensemble de ressources et compétences locales sur la base d’un ancrage territorial pour répondre à un besoin vital. La logique est celle de la coopération entre acteurs dans une planification locale négociée.
Le projet procédera par un travail de réseautage entre des actrices et acteurs dont les potentialités ne sont pas exploitables de façon efficiente en dehors d’une collaboration systématique : associations d’épargne et de crédit solidaires, associations paysannes, entreprises sociales de transformation et commerçantes/ commerçants.
2- La diffusion de techniques de transformation déjà expérimentées, mais qui doivent être employées à large échelle.
3- La promotion d’une inspiration fondée sur l’économie humaine : engagement de chacun pour apporter des solutions collectives aux problèmes communs.
Les résultats attendus à l’issue du projet sont présentés par catégorie d’acteurs/actrices concernés /es dans la mobilisation territoriale en faveur de la souveraineté alimentaire en Haïti.
Les producteurs / productrices agricoles
1a. Les paysans du territoire cultivent en quantité suffisante, avec la qualité requise et selon des méthodes agroécologiques, les produits agricoles destinés à être transformés.
1b. Les produits agricoles ne sont pas perdus.
1c. Les paysans tirent de la vente de ces produits des revenus leur permettant de vivre dignement.
1d. Les paysans sont organisés pour se soutenir mutuellement, pour bénéficier d’une formation et d’un accompagnement technique, pour négocier des conventions avec les entreprises de transformation et avec les AECS.
Les entreprises de transformation
2a. Les entreprises de transformation utilisent des produits locaux.
2b. Elles transforment ces produits locaux avec des techniques n’utilisant pas le bois de chauffage ni le charbon de bois et selon des recettes assurant la qualité nutritive.
2c. Les quantités qu’elle produisent, répondent aux besoins de la population du territoire.
2d. Elles vendent leurs produits à un prix accessible pour la population du territoire concerné.
2e. Le modèle économique des entreprises de transformation est soutenable.
2f. Les entreprises de production sont organisées pour se soutenir mutuellement tout en acceptant les règles d’une saine concurrence, pour bénéficier d’une formation et d’un accompagnement technique, pour négocier des conventions avec les producteurs agricoles, les AECS et les organisations de distributrices.
Les réseaux financeurs : les AECS
3a. Les AECS financent durablement les investissements des producteurs agricoles et des entreprises de transformation.
3b. La totalité de l’épargne des AECS est engagée, dont une partie dans des entreprises sociales de production.
3c. Les revenus des membres des AECS s’accroissent.
3d. Les AECS du territoire sont organisées pour se soutenir mutuellement et pour négocier des conventions avec les producteurs agricoles et les entreprises de transformation.
Les réseaux de distributrices/distributeurs
4a. La distribution des produits transformés permet d’atteindre tous les ménages du territoire, quel que soit leur lieu d’habitation.
4b. Les modes de distribution assurent la qualité des produits distribués.
4c. Le prix des produits permet à la fois que ceux-ci soient accessibles aux ménages y compris les plus pauvres et que les distributrices tirent un revenu décent de leur activité.
4d. Les distributrices / distributeurs sont organisées pour se soutenir mutuellement et négocier des conventions avec les entreprises de transformation.
Les instances territoriales
5. Sur chaque site une instance de concertation placée sous l’autorité des pouvoirs publics locaux et réunissant les différents acteurs, adopte un plan d’alimentation territorial, suit sa réalisation, analyse des conditions de mise en oeuvre et propose les mesures nécessaires pour surmonter les problèmes rencontrés.
L’action proposée est fondée sur des potentialités locales :
- Des produits agricoles (tubercules et fruits) disponibles en grande quantité selon les saisons, avec beaucoup de pertes post-récolte : pomme de terre, banane, fruit à pain (dans le Sud-Est), manioc et banane (dans l’Artibonite), fruit à pain et surtout banane (dans le Nord-Ouest), mangue dans les 3 départements ;
- Des épargnes solidaires en extension, mais improductives jusqu’ici ;
- Une technologie simple adaptée aux ressources locales et susceptible de réduire les effets négatifs de la transformation agroalimentaire sur la biodiversité ;
- Une logique de circuit court qui permettra de limiter les difficultés d’approvisionnement en matières premières (notamment à cause des crises sociopolitiques récurrentes) et de conservation des produits finis.
Par ailleurs, l’action contribuera à générer des revenus stables tant pour les associations d’épargne et de crédit solidaires, les réseaux fournisseurs en produits agricoles que pour les entreprises de transformation et les réseaux distributeurs. Les femmes sont particulièrement ciblées par ces revenus, sachant qu’elles sont principalement concernées par les associations de base d’épargne et de crédit et la commercialisation des produits vivriers. Cette augmentation de revenus permettra de soulager les femmes dans les tâches domestiques car plus elles disposent de ressources, moins ces tâches sont pénibles. Par ailleurs, l’augmentation des revenus des femmes constituera une reconnaissance de la contribution de celles-ci à l’économie nationale et à la société haïtienne en général.
Ce qui fait particulièrement la pertinence du projet, c’est le fait qu’il propose un dispositif innovant axé sur la mobilisation territoriale. En effet, comme indiqué précédemment, la collaboration systématique entre des réseaux financeurs, fournisseurs, transformateurs et distributeurs est préconisée dans une logique de circuit court, donc dans des collectivités territoriales clairement délimitées. Cela implique la participation active des autorités locales (en particulier au niveau des municipalités et l’administration des sections communales) et des organisations d’intervention sociale. Cette mobilisation territoriale constitue un gage de viabilité pour la solution innovante proposée en ce sens qu’elle offre l’occasion de réunir le plus de ressources et compétences possibles pour relever des défis communs.
Crédit photos : Delphin BAENI / RIEH
Depuis le 1er juillet 2024, la Fondation Matendo, en consortium avec Santé et Développement, a signé un contrat avec la Coopération allemande par l’intermédiaire de son ambassade à Kinshasa. Ce contrat vise à mettre en place les activités du projet VBG-Briquettes ou « Prévenir les violences basées sur le genre dans le camp des déplacés de Bulengo, Goma, Nord – Kivu » pour venir en aide aux femmes déplacées installées dans les camps de déplacés à Goma et ses environs. Ces femmes ont perdu presque toutes leurs ressources (habitations, champs, bétail, activités commerciales, etc.) lors des différentes guerres opposant les FARDC et les Wazalendo aux terroristes du M23/RDF. La plupart des familles se retrouvent incapables de subvenir aux besoins vitaux de leurs enfants (logement, nourriture, scolarité et soins médicaux).
Les femmes et les jeunes filles vivant dans les camps de déplacés et leurs environs sont exposées à de nombreux dangers lorsqu’elles cherchent du bois de chauffage, des braises et des moyens de subsistance dans le parc et la forêt. Elles sont notamment victimes de viols, d’exploitation sexuelle, de meurtres et d’autres violences physiques, ce qui met en péril leur vie.
Pour renforcer la prévention et la réponse à la violence basée sur le genre dans les camps de déplacés, et réduire efficacement son incidence, la FONDATION MATENDO a jugé utile de soutenir les femmes et les jeunes filles en mettant en place des activités d’apprentissage de métiers à intérêt économique. Parmi ces activités, le traitement et la valorisation des déchets ménagers et agricoles pour produire des briquettes constituent une solution concrète répondant directement au besoin principal de combustibles de cette population vulnérable déplacée.
Cette action mis en place au 1er juillet 2024 se terminera au 31 décembre 2024. Elle a déjà vu un certain nombre d’objectifs atteints qui se sont déclinés de la manière suivante :
L’équipe de la Fondation Matendo a, en tout premier lieu, entrepris une mission sur le terrain à Bulengo, où elle a eu l’opportunité de rencontrer les principaux acteurs du camp des déplacés. Lors de cette rencontre, elle a pris contact avec le président du camp ainsi que les gestionnaires des différentes organisations présentes, notamment le CNR, l’OIM et AIDES. Au cours de ces échanges, elle a présenté en détail le projet, en précisant sa durée de 6 mois et en indiquant que la coopération allemande, via son ambassade à Kinshasa, en était le bailleur de fonds.
Cette initiative a été reçue très positivement, les responsables ayant exprimé leur soutien pour la mise en œuvre des activités.
En parallèle, l’équipe a également informé le lead de Cluster Protection à son bureau de l’UNHCR. Celui-ci a souligné l’importance du projet, affirmant qu’il arrive à un moment crucial, alors que les déplacés ont un besoin urgent de formation et de production de briquettes de charbon vert.
Au cours de cette mission, plusieurs personnes clés ont été contactées : Hector Malonga, point focal protection à l’UNHCR, Hulaire, l’administrateur du camp CNR, Olivier, gestionnaire du camp OIM/AIDES, et Jean Rutebuka, gestionnaire du camp OIM. Ces échanges ont permis de renforcer les liens entre la Fondation Matendo et les acteurs locaux, tout en assurant un soutien mutuel pour le succès du projet.
La deuxième action fut dirigée vers le terrain : une prise de contact avec les chefs des quartiers Lac Vert et Mugunga ainsi qu’avec le comité du marché Kituku, s’est avérée nécessaire.
Puis l’organisation d’une réunion communautaire avec le Comité des déplacés et le Comité des femmes a permis le retour d’information pour organiser la marche à suivre.
Lors des échanges avec les chefs des quartiers de Mugunga et Lac Vert, en présence des cadres de base, ce fut l’occasion de leur présenter le projet et son importance pour l’assainissement des quartiers et des avenues pendant le ramassage des déchets. Ils se sont engagés à sensibiliser leur population sur le projet et à collecter les déchets en un point où nous pourrons les récupérer.
Le comité du marché de Kituku a également exprimé son enthousiasme pour ce projet, qui contribuera à réduire l’insalubrité du marché. Ils ont appris que les déchets stockés peuvent être transformés en charbon écologique en tant que combustible. Le comité a alors, indiqué un emplacement pour stocker les déchets, facilitant ainsi leur ramassage. De plus, ils ont mis à leur disposition quatre personnes pour les aider lors des journées de ramassage à Kituku.
Pendant la réunion, la discussion s’est orientée autour du projet, de ses activités, de ses bénéficiaires et de sa durée. Les femmes présentes ont manifesté leur satisfaction à l’idée d’être formées et encadrées pour la fabrication et la production de briquettes, par groupes de 30. Elles ont exprimé leur détermination à suivre toutes les étapes de la production jusqu’à la fin. Selon elles, le projet est très pertinent, car en plus de l’aide alimentaire fournie par le PAM, la Fondation Matendo leur apprendra à produire des briquettes de charbon vert, pour cuisiner. Elles perçoivent cette formation comme un acquis de compétence individuelle.
Sur le terrain trois personnes clés ont pu être contactées : Jeannine Lwanzo : Administratrice du marché de Kituku et Justine Nikuze : Présidente du genre, camp de Bulengo, et Mahoro : Président du camp de Bulengo.
En collaboration avec les gestionnaires du camp et le comité des déplacés, deux sites de travail dans le camp même, ont pu être identifiés.
Des visites sur le terrain ont été organisées pour repérer les espaces de travail, en marquer les limites et signer un protocole avec l’OIM, AIDES, CNR et le comité des déplacés.
Le premier site de travail, situé dans les zones 33, 34 et 35, couvre une parcelle de 15m sur 20m. Le second site, situé dans les zones 83, 86, 87 et 88, s’étend sur une parcelle de 20m2.
Une équipe de quatre journaliers a déjà été recrutée et travaille sur les sites pour aplanir le terrain et disposer les pierres nécessaires à la construction des fondations de la maison.
Mise en place d’un Comité de femmes : Un comité provisoire a été mis en place pour superviser les activités. Des élections ont été organisées sur le site de travail pour constituer ce comité, qui aura pour mission de superviser les groupes constitués. S’en est suivi Une Identification de la première vague des bénéficiaires. La Fondation Matendo, en collaboration avec le Comité de femmes, a identifié les femmes vulnérables des zones 33, 34 et 35 du camp de Bulengo. Elles ont été sélectionnées selon des critères spécifiques et informées des activités de production de briquettes. Les femmes intéressées ont manifesté leur accord pour suivre l’apprentissage. 42 femmes bénéficient de cette formation, dont 40 pour la production de briquettes et 2 pour la conduite de la moto tricycle.
Dans le cadre de ce projet innovant, deux femmes, Diane Havugimana et Kaneza Habarurema, ont été sélectionnées pour conduire des motos tricycles. La Fondation Matendo a également identifié deux formateurs pour leur offrir une formation pratique accélérée.
Pour identifier ces formateurs, une réunion a été organisée à Minova, rassemblant 30 jeunes producteurs de briquettes de Minova et Bweremana. L’objectif était de sélectionner quatre formateurs (deux hommes et deux femmes) qui se rendraient à Goma pour former les femmes du camp de Bulengo. Les instructeurs choisis, experts dans le cycle de production des briquettes, sont Dunia Hamuli, Baraka Mushumo, Costance Byasasa et Himizo Abigael.
Parallèlement, un plan d’achat de matériels et outils a été élaboré. Cinq demandes de cotation ont été envoyées pour chaque catégorie de fournisseurs, incluant quincaillerie, foyers améliorés, bois (madriers, chevrons, planches), tricycles, presses à briquettes, broyeurs et carbonisateurs. Ces demandes permettront d’analyser et de comparer les prix afin de sélectionner les meilleurs fournisseurs.
La Fondation Matendo a également entrepris la construction de six hangars et six dépôts, destinés à être utilisés par 180 femmes pour la production de briquettes dans le camp de Bulengo.
Enfin, les femmes des six sites ont commencé les activités de ramassage, triage et séchage des déchets. Actuellement, les déchets sont en cours de collecte.
Ces initiatives sont remarquables car elles impliquent activement les femmes dans la gestion des déchets. Leur participation est cruciale pour plusieurs raisons :
Autonomisation économique : Ces activités offrent des opportunités d’emploi et de revenus pour les femmes, améliorant ainsi leur indépendance financière et leur statut social.
Impact environnemental : Le tri et le séchage des déchets avant la carbonisation contribuent à réduire la quantité de déchets envoyés aux décharges et à minimiser l’impact environnemental.
Rôle communautaire : Les femmes jouent souvent un rôle central dans leurs communautés qui commence par le noyau familial. Leur implication dans la gestion des déchets est à même d’encourager des pratiques plus durables et sensibiliser davantage de personnes aux enjeux environnementaux.
Delphin BAENI
Chef de projet à la Fondation Matendo
Pour poursuivre la réflexion suivre les liens :
https://www.wacaprogram.org/fr/article/nous-avons-besoin-dune-approche-du-genre-pour-lutter-contre-la-pollution-des-plastiques
https://www.unep.org/fr/actualites-et-recits/recit/quand-les-dechets-oeuvrent-pour-les-femmes
Ce rapport a pour but de présenter et donner un aperçu général sur la façon dont les agglomérations de Minova et Bweremana en RD Congo, se sont organisées pour créer une filière de production et de commercialisation du charbon vert gérée par des jeunes et des femmes, soutenue par la population, les autorités locales et les acteurs du territoire.
Un but mais aussi un défi ! Celui d'agir et de contribuer pour sauvegarder notre territoire, préserver l’environnement des deux agglomérations et lutte contre la pauvreté notamment des jeunes et des femmes.
Les parties prenantes au projet sont informé sur l’état d’avancement des activités de production des briquettes dans les villages Minova et Bweremana. Pour mémoire :
- Assainir les deux agglomérations de Minova et Bweremana par l'évacuation des déchets (organisation du tri et du dépôt dans les décharges publiques),
- Valoriser les déchets par la production de 36 tonnes de briquettes,
- Diffuser les briquettes et résoudre le problème de rareté de combustible
- Protéger l’environnement en réduisant la consommation du charbon de bois et donc la la coupe de bois,
- Contribuer aux revenues des jeunes et des femmes engagées dans la production du charbon vert.
De juillet 2023 au Mars 2024 (9 mois) :
Pendant ces 9 mois après le projet sans financement, mais avec l’accompagnement de la Fondation Matendo et du Groupe Local RIEH, les jeunes de Minova et Bweremena, malgré les perturbations causées par les conflits armés, pendant la production, notamment aux affrontements dans la zone entre les FARDC et les terroristes du M23, ces jeunes ont produits :
- Il faut noter que depuis le mois de juillet 2023, suite à l’insécurité qui règne dans le village de Bweremana, les jeunes de Minova et Bweremana ont décidé de se se regrouper pour travailler ensemble à Minova (plus d’accalmie).
- On note également que depuis le mois de janvier 2024, le Kg de briquette est vendu à 0,5 $.
- Les jeunes continuent à épargner avec la collaboration de leur AVEC Mapendo. Aujourd’hui après calcul, leur épargne s'élève à 402 000 Fc. Ils avaient dû arrêter, suite à l’insécurité prévue dans la zone.
- La Moto tricycle est toujours gérée par les jeunes et utilisée pour les activités de ramassage des déchets.
- Autre réalisation après le financement du projet : La Fondation Matendo a organisé un voyage à Goma, pour les jeunes de Minova et Bweremana. Ils ont rendu visite à l’entreprise Brisol Solution pour échange d'expériences afin d’améliorer leur production. Ci-après le rapport de la mission.
- Des séances de démonstration et de diffusion du charbon vert sous forme de briquettes sont organisées par les femme,s dès que les conditions sécuritaires sont réunies dans les quartiers.
- Des journées "portes ouvertes" sont assurées sur les lieux de production.
- Nous continuons a garder une relation étroite avec la Mwamikazi du Groupement Buzi. Elle nous demande constamment l’évolution de la production des briquettes et appelle souvent le chef de projet de la Fondation Matendo et le Groupe Local RIEH pour connaître où en sont les activités.
- L’implication des autorités coutumières locales dans la mise en œuvre des activités du projet et l’acquisition des parcelles sont des facteurs d’appropriation et de réussite du projet.
- Les jeunes qui se mobilisent dans l'activité du ramassage des déchets, séchage, tri, broyage et production des briquettes malgré leurs multiples occupations sont autant de signes qui montrent leur détermination à participer aux activités du projet malgré l’insécurité qui règne dans la zone.
- La population locale qui jadis, jetait leurs poubelles en vrac, commence, après plusieurs jours de sensibilisation, à les rassembler à un endroit précis. Elle commence a comprendre l’importance de leur transformation en combustible.
- La radio Communautaire Bobandano FM s'est engagée à sensibiliser la communauté sur l’importance du charbon vert dans le milieu, sans aucune compensation financière. Ce sont autant d'échos positifs que le projet trouve dans la zone, pour assainir le milieu et protéger l’environnement.
- La forte insécurité dans la zone a causé l'abandon de plusieurs jeunes à l'activité, pour se rendre à Goma suite aux affrontements à répétition.
- L’irrégularité des jeunes souvent constatée, pendant les heures de travail.
- Les machines de production sont mécaniques et demandent une grande force musculaire pour les activer. Cela diminue d'autant, la quantité de production.
Fait à Goma, le 22/04/2023
Pour la Fondation Matendo
Delphin BAENI
Chef de projet
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BAENI KABIONA Delphin
Delphin a 36 ans, marié et père de 3 enfants.
Bonjour Delphin, peux-tu nous informer de la situation sur le terrain ?
Du côté tant de Minova que de Bweremana, les activités du projet ATEDD à travers les engagements signés par les structures pour accompagner les actions, sont toujours visibles.
Les comités de pilotage sont-ils actifs ?
Après la réunion de clôture du projet ATEDD, le terme « Comité de Pilotage » a changé. A Bweremana les actions des activités ATEDD sont maintenant suivies par le « Comité local de paix et de développement » accompagné par le « Conseil Agricole Rural ». Tandis qu’à Minova les actions d’ATEDD sont suivies par le « Comité local de développement ». Cela signifie que, comme le Consortium l’avait voulu, l’action est prise en charge par les institutions locales existantes.
Les populations continuent-elles à entretenir les rivières ?
A la question de savoir si la population continue à entretenir les rivières, du côté de Bweremana je réponds oui. Les Groupes locaux RIEH mis en place, tant à Bweremana qu’à Mweya par le projet ATEDD sont toujours actifs et interviennent régulièrement sur la rivière Mweya, chaque Jeudi de la semaine.
Côté Bweremana à travers les travaux communautaires (Salongo) de chaque samedi, le CLPD et OPED, une structure de la place qui s’était engagée dans le curage et l’entretien de la rivière Renga, initient des travaux communautaires sur la rivière Renga.
Pour Minova les activités de curage continuent normalement, à travers le CLD et le groupe des Jeunes Volontaires de Minova.
Malgré un découragement latent par manque de matériel, les Jeunes Volontaires ont tenu parole et restent engagés sur les travaux communautaires du samedi sur les rivières Kilalo et Mubimbi. D’ailleurs, quand vous viendrez, vous pourrez constater les actions effectuées toujours visibles et leurs travaux du samedi.
Est - ce que les arbres plantés lors du projet, grandissent ?
Les arbres plantés le long de la routé National 2 et les routes de desserte agricole du côté de Bweremana et de Minova, grandissent normalement. Leur croissance est surveillée par chaque propriétaire du champ riverain, qui s’occupe de leur entretien.
Pour les arbres plantés dans les parcelles, le long des limites de champs, aux écoles et églises, ils sont suivis par les propriétaires qui avaient signé une fiche d’engagement dans lequel était transcrit le nombre de plantules cédées et l’engagement de faire le suivi et s’occuper de leur entretien.
Durant les réunions de sécurité et de développement, organisées par le Chef de la Chefferie de Bahunde, celui-ci ne manque jamais de demander des nouvelles, au CLPD et CARG, sur l’évolution des plantules données à la population par le projet ATEDD.
A Minova, on a malheureusement pu constater que lors de la construction de la route qui va de Kasengesi à Nyamukubi, l’Organisation de Construction et Réhabilitation (ICOPT) a détruit près de 2500 plantules que l’Organisation signataire APEVI asbl avait planté le long de la voie qui va de Chungiri jusqu’à Buganga, sur 4 km. Constat est fait qu’ICOPT ne respecte pas la distance imposée qui sépare la route des champs !
Est - ce que les populations continuent à entretenir les arbres ? est - ce que les arbres grandissent normalement ? dans quel proportion ?
Pendant la distribution des plantules chaque personne a signé une fiche d’engagement sur laquelle sont consignés le nombre de plantules données et l’engagement personnel du suivi de plantation.
Par leur adhésion au Consortium, les agronomes de la chefferie des Bahunde et Groupement Buzi ont comme rôle :
- d’assurer le suivi et d’appliquer cette mesure sur le principe « je coupe un arbre, j’en plante 10 »,
- de sensibiliser la population sur la protection des arbres contre les animaux en divagation,
- et l’assurance d’entretenir au jour le jour, une bonne croissance des arbres distribuées et plantées,
Tous ces points sont en cours d’organisation, par les CLPD et CLD.
Dans quelle mesure les actions se sont poursuivies après la fin des financements" ?
A Minova, ces actions, mises en place par le projet ATEDD, se poursuivent avec les CLD et les Jeunes Volontaires. A Bweremana, c’est le CLPD et CARG qui maintiennent les actions, avec l’appui et le suivi permanent de l’Animateur CADRE et de la Fondation Matendo, présents dans la zone.
Quelles sont les actions qui se sont poursuivies ? comment ? et par qui ?
Les actions qui sont poursuivies jusqu’aujourd’hui sont :
- L’entretien des rivières à travers les structures comme AJVMI, RIEH Mweya et les travaux communautaires organisés par l’état.
- La fabrication des foyers améliorés est assurée par l’organisation ADIC pour Minova qui encadre plus de 8 jeunes dans ce domaine, payés selon le nombre de foyers fabriqués et vendus et IJC côté Bweremana qui encadre plus de 12 jeunes, payés également selon la quantité produite.
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- Le suivi et l’entretien des plantules gérés par chaque personne qui se sont engagée, en signant la fiche d’engagement, à les protéger durant leur croissance, contrôlés et vérifié dans sa mise en application par le CLD et CLPD / CARG et ses agronomes.
Quelles sont les perspectives attendues ?
La perspective principale est de voir les plantules pousser et que les rivières ne débordent plus. Il nous faut toujours veiller à sensibiliser les organisations qui s’étaient engagées à continuer les actions mises en place par ATEDD.
- Rester en contact permanent avec les structures locales qui avaient pris les engagements pour pérenniser les actions d’ATEDD.
- Acquérir la certitude que la population puisse s’approprier ces actions.
- Encourager les CLD, CLPD/CARG à faire des visites permanentes pour s’assurer de la continuité des activités.
Merci Delphin pour ce travail de terrain réalisé malgré la situation difficile que vous traversez.
Pour la Fondation Matendo à Minova et CADRE à Bweremana
Delphin BAENI
Point Focal