Elle m’a présenté une carte de visite impressionnante :
Le Mwami est le chef de chefferie, appartenant toujours à la famille régnante, qui est l’autorité coutumière locale.
La Reine Safi Sangara exerce la fonction de Mwamikazi, car elle était l’épouse du Mwami décédé et leur fils réside à l’étranger. Elle exerce donc, une sorte de Régence, en tant que Reine-Mère.
La République Démocratique du Congo a fait de la chefferie un échelon administratif décentralisé, à la fois enraciné dans le droit coutumier et intégré dans les structures de l’Etat moderne.
Le Mwami, et dans le cas présent la Mwamikazi, bénéficient ainsi d’une double légitimité, coutumière et républicaine. La chefferie perçoit certaines taxes, peut décider d’en instituer des spécifiques, elle dispose de services.
C’est donc un personnage incontournable si on veut comme ATEDD animer une action de développement local qui soit durable.
Sa Majesté n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler ses prérogatives.
Elle doit, selon la loi, connaître et autoriser toute action qui se mène sur son territoire.
Heureusement les organisations congolaises du Consortium d’ATEDD ont fait dès l’origine ce qu’il fallait et la chefferie et le groupement ont été informés aussi bien du projet Charbon vert que du projet ATEDD.
La veille encore j’avais été me faire enregistrer avec le chef de projet par les services du Groupement.
Mais la Mwamiza a reproché vivement à ses services de ne pas l’avoir informée.
Je me suis bien sûr empressé de lui donner toutes les informations et elle s’est montrée très intéressée.
Elle a demandé à recevoir des rapports réguliers sur l’avancée des projets.
Elle devrait présider les prochaines assemblées communautaires qu’ATEDD organisera.
Jean-Louis Mbusa, le chef de projet d’ATEDD, n’était pas présent, mais Héritier Kissoho, le coordinateur du Groupe local du RIEH à Minova a pu intervenir et se faire reconnaître. Il considère que cela l’aidera dans les démarches ultérieures qu’il aura avec les autorités.
Ces chefs traditionnels ont une réelle autorité. Quand ils demandent quelque chose à la communauté, ils sont écoutés. On ne peut pas opposer la communauté et ces chefs traditionnels. Ils font partie de la communauté.
Pour que notre projet réussisse, il faut que l’Action territoriale pour un Développement durable au Kivu soit la leur, non seulement qu’ils l’acceptent, mais qu’ils y participent.
Michel Tissier, Minova ce 24 Mai 2022