Ils s’appellent eux-mêmes les creuseurs. Ils travaillent dans le secteur minier artisanal, très différent du secteur industriel. Ce sont tous des travailleurs individuels qui creusent sur un terrain appartenant à un petit propriétaire privé auquel ils versent une redevance. Ce sont eux qui fournissent leurs outils et les équipements, évidemment très sommaires. Les conditions de travail sont donc très précaires et dangereuses. Beaucoup de documentaires ont été diffusés en Europe sur cette réalité économique qu’on peut vraiment qualifier d’inhumaine.
Ils parlent de leurs conditions de travail et insistent sur deux problèmes.
> Le premier c’est qu’ils veulent préserver l’environnement et en particulier les arbres afin d’éviter les éboulements meurtriers. Nous voilà donc en plein dans le cœur d’ATEA.
> L’autre est la rémunération. Ils vendent le minerai 2,5 $ la tonne à des négociants installés à proximité. Il s’agit de coopératives, mais qui n’ont de coopérative que le nom. Les dirigeants oublient complétement les membres et mènent leurs affaires à leur profit. A Bukavu, après le transport, ils vendent le minerai 10 $ la tonne à un intermédiaire qui poursuit la chaîne vers l’exportation.
Le groupe veut donc créer sa propre coopérative qui assurera elle-même le transport et vendra directement à Bukavu. La perspective de gain en passant de 2,5 et 10 est énorme, même en comptant le coût du transport.
Le principal problème à leurs yeux est qu’ils doivent obtenir l’autorisation légale de se constituer en coopérative et cela coûte très cher, au moins 5000 $. Je ne cherche pas à savoir à quoi servent ces 5000 $. Des taxes et des pots de vin sans doute.
Je leur demande s’ils seraient capables de rembourser un prêt de 5 000 $. Ils m’assurent que ce serait sans problème en moins d’un an.
Bien sûr tout cela est à vérifier et à préciser. Éric et moi en débattons avec eux.
Nous arrivons aux conclusions suivantes :
- Réaliser et diffuser un document présentant leur situation et leur projet. L’idéal est d’avoir à la fois une video et un dépliant papier.
- Les accompagner avec un consultant pour faire leur business plan.
- Les accompagner avec un consultant sur les démarches réglementaires pour avoir l’agrément.
- Chercher et trouver une institution financière disposée à prêter les 5 000 $.
- Pendant tout ce processus il faut qu’ils s’organisent dans un groupe des creuseurs avec des statuts et un règlement d’ordre intérieur.
Le groupe local du RIEH et le secrétariat international acceptent de les soutenir dans la réalisation de ce plan. Dans ma tête, je me dis que ce serait bien que RIEH Afrique participe également à ce soutien. Pour le document, Marie peut mettre à disposition ses compétences. Pour les consultances, les groupes locaux de Bukavu et de Goma peuvent contribuer. Pour le financement, il va falloir que Développement & Civilisations s’y colle, non pas en étant le prêteur (surtout pas), mais en travaillant sur le montage financier.
Michel TISSIER