En République Démocratique du Congo, plus précisément dans la province Sud-Kivu, 3000 femmes volontaires se sont regroupées dans une association : la COFAD dénomme COllecte des Femmes volontaires pour l’Assistance humanitaire et le Développement durable. Cette association, dont le conseil d’administration est composé des femmes, a été enregistrée et reconnue officiellement par l’inspection provinciale du développement rural du Sud-Kivu le 18 février 2015. Les bénéficiaires de ces actions sont des femmes vulnérables ayant la charge d’enfants en bas âge et ou qui ont été victimes de violences sexuelles.
Ces femmes fournissent un travail harassant et très mal rémunéré, elles sont même souvent victimes de violences au travail. Leur situation est particulièrement difficile au Sud-Kivu où la déforestation accentue l’érosion de terres, les pratiques agricoles sont inadaptées et une forte explosion démographique due à l’accueil de nombreux réfugiés fait que la population dépasse par endroit les 500 habitants au km2.
Un projet qui s’inscrit dans la dynamique de la COFAD est aujourd’hui proposé au groupement de la localité de MBINGA-NORD/KINIEIZIRE. Le projet ATEDD c’est à dire : Action Territoriale pour un Développement Durable. Celui-ci s’appuie sur la prise de conscience et l’engagement de la plus large partie possible de la population de façon à renforcer l’esprit de communauté qui seul peut permettre un changement réel et durable au niveau local et national. C’est dans ce cadre que les femmes du Sud-Kivu vont inscrire leur action, elles vont s’engager pour améliorer la qualité de la vie et la solidarité sociale de façon à lutter contre les catastrophes les plus fréquentes : les crues des rivières, les glissements de terrain, et la pénibilité d’une agriculture sur des terrains accidentés et trop exploités.
Ceci crée un abandon de ces terres, il s’en suit une insécurité alimentaire importante : 92% des personnes interrogées déclarent que leur revenus ne leur permettent pas de manger à leur faim. La COFAD les accompagne, en premier lieu, dans le processus de négociation des terres arables auprès des grands concessionnaires pour permettre à chacun d’y avoir accès.
De plus, la COFAD bénéficie de finances grâce à des crédits, des subventions, des dons et des legs provenant de sources publiques ou privées et d’organismes nationaux, internationaux et non gouvernementaux. Son projet est de jouer un rôle clé dans l’émergence économique de la femme en République Démocratique du Congo et d’améliorer ses conditions de vie.
Les 3000 Femmes volontaires se répartissent en 100 groupes solidaires des femmes dirigés par des comités des femmes de voisinage et vont participer au plan d’action communautaire (PAC) en liaison avec des agronomes, des moniteurs agricoles et les autorités locale ;
De façon plus précise elles vont vulgariser les techniques de permaculture intégrée de l’agro-écologie.
Elles s’engagent fermement et souvent de façon écrite à respecter ce projet. Elles vont ainsi développer une agriculture restauratrice et rémunératrice.
Une agriculture restauratrice pour la nature tout d’abord puisqu’elles abandonnent la culture du café et du manioc, trop gourmandes en terres et qui favorisent la déforestation. Une agriculture restauratrice aussi pour les familles car en se formant aux techniques d’installation de jardins familiaux, de germoirs, de compostes elles varient et accroissent leur production. En effet elles choisissent et achètent des outils adaptés, des semences maraichères, des plantules (oignons, aubergines, poivron, graines de courge, de salades) Elles créent également des petits élevages : cobayes, lapins, poules et chèvres dont les engrais naturels seront précieux également pour enrichir le sol. Tout ceci crée de meilleurs revenus et permet ainsi de mieux vaincre la faim et l’autonomisation de la femme rurale.
En effet, l’agriculture est la principale source des revenus de la femme rurale du Sud-Kivu mais les décideurs y mettent moins d’importance et en conséquence la forte importation des denrées alimentaire avec de prix élevé qui justifie la faible consommation dans les ménages avec tous les risques de l’augmentation de cas de la mal nutrition et la faible scolarisation des enfants. Cette pauvreté crée non seulement l’exode rural mais aussi des vols et surtout la faible croissance chez les enfants et donc une diminution des capacités intellectuelles.
D’autre part cette culture maraichère développée par la COFAD étant rémunératrice, la capacité d’épargne de chaque femme vulnérable est aussi renforcée grâce à la vente des produits maraichers. Cette agriculture est également plus économique dans l’utilisation des ressources agraires. En effet des moyens de cuissons nouveaux sont possibles grâce à la fabrication de briquettes de charbon vert. Ce dernier est produit par une carbonisation lente des déchets végétaux et ménagers. Il devient une excellente alternative au charbon de bois et permet ainsi de lutter contre le déboisement et le réchauffement climatique. Les tâches culinaires de femmes sont facilitées et ceci d’autant plus des formations pratiques sont organisées à leur faveur.
L’alphabétisation des femmes leur permet en outre de s’occuper convenablement des micro-crédits proposés par la COFAD. Les femmes du Sud-Kivu affrontent et gèrent aussi les problèmes financiers grâce à l’ATEDD qui non seulement privilégie toutes les activités qui génèrent un revenu pour leurs opérateurs, mais les aide aussi à recourir correctement aux dispositifs d’épargne, aux crédits locaux et aux mutuelles de santé.
Conclusion : tout ce travail participatif permet aux femmes de promouvoir une économie vraiment humaine. Celle-ci est humaine car elle est basée sur la confiance accordée à chacun pour organiser au mieux sa vie individuelle et ses rapports avec les autres. C’est cette solidarité qui donne tout son sens à l’engagement de chacun. Les femmes ont un rôle important à jouer à ce niveau, elles qui sont des animatrices essentielles dans leur propre famille. Cette attitude respectueuse envers les êtres humains, l’est aussi envers la nature, Celle-ci devient une amie. La place des femmes au Sud-Kivu n’est donc pas du tout marginale, ni traditionnelle, elles sont au contraire les piliers du changement.
Pour la COFAD asbl
« Aider la femme c’est aider toute une nation. »
Sylvine CHEKANABO MUHUNDO, Coordinatrice COFAD (Kiniezire, RDCongo)
et Chantal LEGRAND, Correspondante RIEH (Drôme, France)