Ma mission se termine et je reprends tout à l’heure l’avion pour un retour compliqué par les mesures sanitaires : Cotonou, Addis Abeba, Kigali, Bruxelles, Paris CDG.
Il me vient l’expression « Mission accomplie ».
Le projet ATEDD-Kivu est bien lancé ; le projet Charbon vert de Minova est relancé ; il y a désormais au Kivu 3 groupes locaux actifs et 4 qui devraient se constituer et agir. Le Kivu va être la principale région au monde où le RIEH est présent et actif. Cela a beaucoup de sens pour moi que ce soit cette région si éprouvée qui se montre avec nous si engagée pour une économie humaine.
Le RIEH Afrique, qui est devenu INHE/RIEH Africa grâce à nos deux Camerounaises si dynamiques, a trouvé un nouvel élan avec un tandem de choc, Augustin et Euphrasia pour en être les coordinateurs et pour participer au Comité d’orientation international.
Le Centre Songhaï, si exemplaire, mais qui jusqu’à présent nous considérait comme des diseurs, nous prend maintenant pour des acteurs et il y a de très bonnes perspectives de mener ensemble des projets communs.
Même les derniers jours m’ont permis de voir que le RIEH Bénin avec lequel le contact s’était un peu perdu est en fait très actif notamment pour promouvoir la santé par les plantes, un bon régime alimentaire et une saine hygiène de vie.
Tout cela est très prometteur pour l’avenir, même si le chemin est long et connaîtra d’inévitables moments difficiles.
Je suis content que la Vie, ou Dieu si vous croyez en lui, m’ait donné la possibilité de faire ainsi œuvre utile, après cet accident cardiaque qui a inscrit dans mon corps l’inéluctabilité de la fin.
Mais ce succès ne tient pas d’abord à ma personne. J’ai rencontré ici, partout, des personnes formidables. Qui vivent dans des conditions très difficiles. Certaines dans des zones de grande insécurité comme le Mali, le Kivu, la RCA, la région anglophone du Cameroun. Et qui font preuve non seulement d’une grande résilience – ce mot employé à toutes les sauces et qui peut être assimilé à la résignation - mais d’un engagement d’une grande constance, avec énergie, créativité. Admirables. Et avec une mention spéciale pour les femmes que j’aime toutes. Voyez les photos.
Toutes et toutes m’ont considéré comme un des leurs. J’en suis très touché.
Je ne suis pas sûr que je vais retrouver avec plaisir la médiocrité du débat présidentiel en France et des atermoiements de l’Europe. Il y a tant à faire non pas pour aider l’Afrique mais soutenir les Africains qui s’aident eux-mêmes. Et elles sont nombreuses. Ils sont nombreux. Certainement une majorité qu’il faut faire émerger et rassembler au-delà de tous les clivages politiciens ou religieux.
L’Afrique est déjà debout, même si ça ne se voit pas. Le monde a beaucoup à apprendre d’elle.
Puisse notre modeste réseau, qui va je l’espère bien grandir, permettre cet apprentissage mutuel.
C’est possible. Je l’ai vécu.
Michel Tissier