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Miracle au Bangladesh
 

 

MADE IN BANGLADESH Bande Annonce (2019)

 Date de sortie : 4 Décembre 2019

© 2019 - Pyramide Distribution

 

 

 

Le libéralisme, c’est aussi la liberté des femmes ouvrières de s’organiser...

 

 

 

Courez voir le film Made in Bangladesh de Rubaiyat Hossain, réalisatrice bengalie, tourné en bengali.

 

J’ai eu la chance de le voir en avant-première. Il raconte l’histoire d’ouvrières du textile, confrontées à des conditions de travail très difficiles, à des risques d’accident du travail avec une rémunération qui  couvre à peine le prix d’un loyer et qui se battent pour créer un syndicat.

Le Code du travail le permet, mais l’employeur se donne tous les droits et l’administration laisse traîner le dossier. Elles doivent aussi faire face à la réprobation de leur mari et de leurs familles. Mais elles se battent et se soutiennent entre elles.

 

Le hasard du calendrier me fait lire juste après avoir vu le film un article du journal que je lis régulièrement,  Le Monde, intitulé « Au Bangladesh, un miracle économique durable ? » (20/11/2019).

On y lit que le Bangladesh a connu une croissance annuelle de 6,5% au cours des dix dernières années. « D’où vient ce miracle ? De l’industrie textile, d’abord. Celle-ci a décollé grâce à l’abondance d’une main d’œuvre féminine peu coûteuse, mais au prix de conditions de travail difficiles et d’une absence de liberté syndicale ».

 

Ainsi pour connaître la croissance, il faudrait accepter des conditions de travail difficile et refuser la liberté syndicale ?

Les femmes qui se battent pour leur droit agiraient donc contre l’intérêt du pays ?

Elles devraient accepter de subir leur sort en attendant que la fameuse croissance du PIB ait à long terme des retombées positives sur leur vie ? 

C’est à l’évidence ce que pensent les employeurs qui les font travailler, les multinationales qui sont donneurs d’ordre de ces entreprises et les autorités qui refusent d’appliquer le droit qu’ils affichent dans les instances internationales.

 

 

Mais ce n’est pas ce que pensent ces ouvrières. Elles veulent voir leur vie changer maintenant.

 

Reconnaître leur dignité, accepter qu’elles parlent d’égal à égal avec leur patron et leurs contremaîtres compromettrait-il les résultats de leur entreprise ?

Quand on voit la toute petite part que compte leur rémunération dans le prix final auquel sont vendus les vêtements, on peut en douter. On peut même penser qu’en les écoutant, en négociant avec elles,  on réduirait les accidents du travail qui ont aussi un coût et on améliorerait l’organisation du travail qui garantit la qualité, ce qui fidélise le client/donneur d’ordre.

Elles ne cherchent pas à chasser les multinationales, ni leurs patrons. Simplement à travailler dignement et à bénéficier d’une part légitime de la richesse qu’elles produisent.

 

Le vrai miracle est qu’elles sortent de l’ombre et que le pays se développe non pas en les humiliant et les exploitant mais en leur faisant leur place.

 

Michel Tissier

Secrétaire exécutif du RIEH

 

 

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