JINOV est une association qui rassemble des professionnels et des bénévoles de l’Ouest de la France qui animent diverses formes d’éducation populaire avec des jeunes. JINOV participe depuis plusieurs années à la vie du RIEH, notamment parce que Jean-Pierre Dardaud, un des principaux animateurs de l’association a joué un rôle très actif dans la rédaction du livre Chemins d’économie humaine. JINOV a organisé en 2016 et 2017 plusieurs ateliers et rencontres proposant à des jeunes de s’exprimer sur l’économie humaine, non pas à la :suite d’un exposé mais de façon spontanée à partir de leur représentation de l’économie et de l’humain.
Une réunion s’est tenue le 2 mars 2018 à Saumur entre les animateurs de JINOV et Michel Tissier, secrétaire exécutif du RIEH pour tirer les enseignements de ces ateliers.
Il s’agissait de jeunes en phase de transition entre les études et l’emploi, ou plutôt la recherche d’emploi, tant celle-ci est un processus long, difficile et précaire. Ils se sont exprimés notamment à travers de petites improvisations théâtrales sur ce qu’ils ont eux-mêmes vécu ou vu autour d’eux qui leur apparaissait significatif du caractère humain ou inhumain de l’économie.
Le plus frappant est qu’ils sont surtout sensibles, positivement ou négativement à la qualité des relations dans la vie au travail.. Sont-ils écoutés, considérés, reconnus ? Y a-t-il une ambiance de travail détendue ou stressée ? Les conditions de travail sont-elles de qualité ? Une économie humaine est d’abord vue par ce prisme plutôt que par celui des salaires ou même de la précarité.
Dans une usine, le chef d'équipe reproche au stagiaire de ne pas travailler aussi vite que le magasinier titulaire qu'il seconde. Ce dernier prend le parti du chef en omettant de signaler que le stagiaire est moins bien équipé que lui pour faire le travail.
Au cours d'un entretien d'embauche, le manager fait peu à peu comprendre à l'ouvrier qui candidate qu'il n'y aura pas de fiche de paie. L'ouvrier accepte l'offre en assurant que « le black ne lui fait pas peur ».Quelques semaines plus tard, victime d'un accident de travail, l'ouvrier se retrouve à l'hôpital où on lui demande quelle est sa couverture de sécurité sociale.
- « L'économie c'est produire quelque chose, des biens ou des services ; l'économie capitaliste vise à produire de l'argent ; l'économie humaine à produire le bien-être de l'Homme ».
- « l'économie ne permet pas d'être humain. Les erreurs humaines au travail ne sont pas acceptées (retard, problème personnel,...flemme)
- « avant il y avait des religions; maintenant on vit dans une société capitaliste; on est poussé à acquérir toujours plus de biens »
- «on est tous humains à la base ; quand on associe argent et individualisme, intérêt personnel, c'est inhumain »
- « plus les employés sont épanouis, plus ils sont productifs; alors il faut trouver le juste milieu entre la production et l'humain »
- « toutes les personnes qui travaillent sont importantes; si tout le monde est considéré comme important, l'entreprise fonctionne mieux »
- « quand on travaille dans un grand groupe on peut être pris pour des robots; dans les petites boîtes on a une meilleure reconnaissance »
- « Je vois l’économie humaine dans quelqu'un qui bosse à son compte en étant passionné sans arnaquer les autres »
- « quand il y a un vrai travail d'équipe dans un climat de bienveillance et de partage »
- « quand un collectif de travail s'adapte aux contraintes de ses membres »
« L'économie humaine c'est :
- un objectif : l'économie au service de l'humain
- un cadre : respect, reconnaissance de la diversité, régulation
- un processus qui mobilise différentes formes de valeur (argent, temps, compétences...) et qui porte attention aux gens, au fait qu'un humain c'est vivant ».
La principale conclusion : l’économie humaine, ça intéresse les jeunes. Continuons à leur donner la parole et à agir avec eux pour que le monde soit plus proche de leurs aspirations.