Le programme « Des territoires en marche vers l’économie humaine ».
L'objectif principal
L'objectif principal est de renforcer la capacité de la population et des acteurs locaux à s'organiser pour progresser vers des objectifs d'un développement humain durable.
Les acteurs locaux
Les acteurs locaux sont les autorités locales, traditionnelles, élues ou représentants des autorités centrales, les acteurs économiques et leurs organisations, les organisations de la société civile (associations, ONGs, syndicats et autres), les autorités religieuses, les institution d'éducation et d'enseignement, les médias locaux, les institutions culturelles.
Sur chaque territoire la mobilisation s'organise à un moment donné par rapport à certains enjeux majeurs pour la population :
- Activité économique générant pour tous les habitants des revenus suffisants pour vivre dignement ;
- Accès à l'éducation, aux soins, à l'eau, au système de transport ;
- Préservation des milieux naturels et de la biodiversité ;
- Prévention et gestion des conflits ; richesse de la vie culturelle.
La démarche utilisée s'appuie principalement sur la prise de conscience des enjeux par la population (éducation populaire), la participation de la population et des forces vives du territoire au constat, aux débats, au décisions, aux actions, au suivi et à l'évaluation (démocratie active).
Les résultats attendus
Les résultats attendus sont à la fois des améliorations des conditions de vie des habitants, des progrès dans la vie démocratique, un renforcement du sentiment d'appartenance à la culture d'un territoire.
Dans tous les territoires l'action est observée, analysée et évaluée pour en tirer les enseignements :
- Comment renforcer une dynamique territoriale ?
- Comment l'action collective locale contribue aux politiques publiques nationales et internationales ?
Quelques-unes des questions auxquelles nous cherchons à répondre ensemble :
- Quelles sont les conditions de réussite, ou les obstacles à surmonter pour la participation aux débats publiques, notamment pour des groupes exposés à la marginalité et aux discriminations ?
- Quelles sont les conditions de réussite, ou les obstacles à surmonter pour la concertation entre les acteurs (sociaux, administratifs, économiques, culturels) selon les logiques de chacun ?
- Quelles sont les formes que prend sur le territoire l'éducation populaire ?
- Quelles formes prend sur le territoire le développement de la démocratie active ?
- Comment se renforcent ou se contrarient les dimensions sociales, économiques, culturelles, environnementales, de l'action territoriale ?
- Quelle sont la portée et les limites d'une approche globale des enjeux humains du territoire ?
- Quels sont les facteurs éthiques et spirituels qui contribuent à la dynamique territoriale ?
En quoi consiste la participation au Programme ?
- Être déjà engagé, d'une façon ou d'une autre dans une action sur votre territoire ;
- Vouloir placer cette action dans un projet global de renforcement de la capacité pour la population et les acteurs du territoire à se prendre en main ;
- Échanger avec les autres territoires, notamment via le site web www.rieh.org ;
- Signer et animer une convention de coopération décentralisée entre collectivités de deux continents ;
- S'organiser pour analyser les actions conduites sur le territoire, les avancées et les obstacles par rapport à l'objectif de développer la capacité collective à agir sur les enjeux humains. A cette fin les porteurs d'action et un organisme d'évaluation et de recherche est recommandé ;
- Participer au processus de capitalisation des expériences, organisé au niveau continental et international ;
- Participer à la rencontre finale de juin 2023 au Mené.
Si vous représentez une organisation ou êtes une personne voulant participer à l'action, contactez le RIEH contact@rieh.org
Le Programme en pratique...
Le Guide du programme de Développement territorial pour une économie territoriale au frottement du terrain.
Le premier objectif du Programme est d’améliorer les conditions de vie des populations des territoires participant. Mais, au-delà de cet impact, il s’agit de montrer par l’action et la réflexion qui l’accompagne[1]
- Comment l’économie humaine est une référence qui éclaire et contribue à faire réussir une démarche de développement territorial ?
- Comment en retour le développement territorial enrichit la référence qu’est l’économie humaine ?
- Apporter des éléments pour d’autres territoires qui entreprennent une démarche analogue.
Le présent document vise à faire le point dans la phase actuelle de démarrage du programme sur ce que l’économie humaine dit, du développement territorial et à identifier à partir de là les points qui méritent d’être approfondis.
Il s’appuie notamment sur les conclusions de la rencontre internationale de juin 2018 au Mené (voir les pp.118 à 121). Il constitue ainsi un guide pour chacune des expériences et pour la synthèse que nous élaborerons en phase finale en juin 2023.
C'est un document qui est appelé à être amendé et enrichi, au fur et à mesure de son déroulement par les différents porteurs d’actions. Il évolue ainsi en fonction des enseignements tirés des différentes pratiques.
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[1] Conjuguer l’action et la réflexion est une des modalités d’intervention du RIEH. Cette forme est moins rigoureuse que celle de la recherche-action qui relève davantage de l’univers académique, même si elle s’en rapproche. Le résultat vise délibérément des organisations et des personnes engagées dans l’action, même si des chercheurs peuvent bien sûr les intégrer dans leurs analyses et leurs théories.
Points clés de l‘approche du développement territorial par l’économie humaine
Avec l’économie humaine, nous considérons que le développement territorial est à la fois possible et nécessaire.
Possible alors que beaucoup considèrent que ce qui se passe sur le territoire dépend d’abord de systèmes et de politiques décidés à d’autre niveau et que c’est à ces autres niveaux qu’il faut agir. Sans nier ces dépendances, nous considérons que les conditions de vie de la population dépendent aussi des acteurs locaux et de leur capacité à coopérer. Même si cette action rencontre des limites.
Nécessaire car les transformations que promeut l’économie humaine passent par les hommes et pas seulement par les systèmes. C’est pourquoi elles doivent s’opérer à la fois au niveau personnel, à celui du territoire où l’on vit – selon la formule de Gandhi « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde », qui ne s’adresse pas seulement aux personnes, mais aussi aux « communautés » - à celui où se structurent et se définissent les systèmes et les politiques, au niveau mondial.
Points à analyser
- Observer et analyser tout ce qui dans l’action montre que la transformation locale est possible et quelles sont les limites du possible localement.
- Observer et analyser comment la population et les acteurs du territoire évoluent dans leur conscience que l’action territoriale est possible et quelles en sont les limites.
Le territoire est à la fois une donnée géographique et un projet politique et culturel.
Il n’est pas d’abord défini selon des limites administratives même si celles-ci sont à prendre en compte. C’est le lieu où les échanges entre les habitants sont directs et l’espace de base dans lequel s’exerce la capacité collective à agir sur ses conditions de vie et où les habitants partagent une histoire et une culture.
Le territoire, tout en ayant sa dynamique propre et sa personnalité culturelle n’est pas isolé des territoires voisins, il s’intègre dans un ensemble politique (Etat, qui peut être de nature fédérale et qui peut être inséré dans des ensembles interétatiques), il est en lien avec des systèmes internationaux
Points à analyser
- Comment la population, les acteurs du territoire, les porteurs de l’action territoriale définissent-ils leur territoire ?
- Comment le territoire se construit et s’enrichit au cours de l’action ?
- Possibilités et limites de l’action locale par rapport à des questions qui se jouent à d’autres niveaux
- Comment subit-on localement des systèmes organisés et des décisions prises à d’autres niveaux ? Et comment peut-on ne pas seulement subir ?
- Capacité locale à mobiliser des ressources venant d’autres niveaux. A négocier avec ces autres niveaux, voire même à les influencer.
- Capacité locale à s’appuyer sur les dispositifs légaux et réglementaires qui s’appliquent sur le territoire, voire à les faire évoluer
- Relations établies avec d’autres territoires. Participation éventuelle à des réseaux.
C’est l’approche globale de l’économie humaine, celle qui s’exprime dans la formule « Tout l’homme ».
Ceci implique que les objectifs du développement local sont de divers ordres, comme le sont les besoins et les aspirations des êtres humains et des sociétés humaines : économique, écologique, social, politique, culturel, spirituel. Cela implique aussi d’appréhender le territoire comme un écosystème où les différents éléments sont interdépendants. Pour agir sur l’un, il faut prendre en compte les autres. Cela implique aussi une approche interdisciplinaire de l’analyse du territoire
Points à analyser
- Dans la plupart des exemples, l’action initialement porte sur un problème particulier (traiter les déchets, promouvoir l’agro-écologie, être autosuffisant en énergie, permettre d’accéder à l’eau potable, améliorer le système de sante ou d’éducation…). Comment dans chaque expérience se manifeste l’interdépendance des enjeux ?
- Comment sur chaque territoire se concilie une approche globale et la nécessité d’avoir une action ciblée et de se donner des priorités ?
- Comment le partenaire du projet qui anime la réflexion pratique l’interdisciplinarité ?
C’est l’approche solidaire de l’économie humaine, celle qui s’exprime dans la formule « Tous les hommes ».
Le développement local doit viser l’amélioration de la qualité de vie de tous les habitants, notamment de ceux qui vivent dans les conditions les plus difficiles, sont victimes de discrimination ou d’exclusion.
Points à analyser
- Sur chacun des territoires, comment se manifestent les inégalités, les discriminations et les phénomènes d’exclusion ?
- Comment l’action conduite traite ces enjeux ?
C’est l’approche participative de l’économie humaine, celle qui s’exprime par la formule « Par tous les hommes ».
Le développement local s’appuie sur l’implication de la population du territoire. Cette implication s’opère aux différentes étapes du projet de territoire selon le processus itératif: voir, juger, délibérer, décider, agir, évaluer, voir… La participation concerne tous les habitants, notamment de ceux qui vivent dans les conditions les plus difficiles, sont victimes de discrimination ou d’exclusion. Nous appelons éducation populaire l’ensemble des processus, formels et informels qui permet à la population de s’approprier les enjeux de leur vie commune et de renforcer sa capacité à agir collectivement pour les relever.
Points à analyser
- Comment se passe le processus participatif sur le territoire, aux différentes étapes de l’élaboration et de la mise en œuvre du projet territorial. Il s’agit à la fois de décrire les méthodes utilisées, pour les partager, d’analyser les facteurs qui font obstacle ou au contraire facilitent la participation. Cette partie de la recherche action peut donner lieu à beaucoup de développements, surtout en prenant en compte les différentes catégories de la population.
- Rôle des institutions scolaires, universitaires, de formation professionnelle
- Articulation entre le système éducatif institutionnel et l’éducation informelle
- Manifestations du concept d’éducation populaire dans le contexte du territoire
La participation concerne aussi les acteurs du territoire. Ce sont les forces organisées, institutionnalisés du territoire, représentant d’une façon ou d’une autre la population.
Points à analyser
- Les différents types d’acteurs sur le territoire.
- Comment ils se positionnent par rapport au projet de développement territorial (du refus, voire l’opposition à la participation active)
- Comment ce positionnement évolue au cours de l’avancée du projet
- Quels sont les divergences ou les conflits qui apparaissent entre acteurs ? Comment se résolvent-ils ?
Beaucoup des acteurs du territoire sont aussi inscrits dans des logiques verticales ou sectorielles
Les administrations s’inscrivent dans une ligne hiérarchique nationale, les entreprises locales peuvent être des établissements appartenant à des groupes nationaux ou internationaux, elles relèvent aussi de secteurs professionnels, les élus appartiennent à des partis, les syndicats sont des sections locales d’organisations nationales, les associations appartiennent à des fédérations,…
Points à analyser
- Comment se manifeste le croisement des logiques entre le sectoriel et le territorial. Les problèmes qu’il pose et les opportunités qu’il offre ?
Dans notre conception, la démocratie représentative, qui comprend les élus et les services locaux émanant de l’Etat, et la démocratie participative, qui comprend les organisations sociales, économiques et culturelles, sont complémentaires.
Points à analyser
- Rapport entre la démocratie représentative et la démocratie participative tel qu’il se pratique sur le territoire et évolue au cours de l’action
- Comment il se vit et comment il s’institutionnalise, dans quelles instances ?
Le territoire est aussi un écosystème auquel l’homme appartient tout en ayant la responsabilité de la cultiver. C’est l’approche écologique de l’économie humaine qui s’exprime dans la formule en harmonie avec le vivant.
Comme sur les autres dimensions, le territoire à la fois subit les contraintes et les systèmes qui le déterminent et il contribue à les faire évoluer.
Chaque « communauté » a la responsabilité du territoire sur lequel elle vit tout en s’insérant dans la responsabilité de l’entité politique à laquelle elle appartient et en participant à la responsabilité de l’humanité toute entière.
Points à analyser
- Observer et analyser la place des enjeux écologiques dans l’action territoriale.
- Le rapport à ces enjeux des différents groupes sociaux, économiques et culturels
- La façon dont la concertation permet de fixer des objectifs et de mener des actions qui tiennent compte des différents rapports à la nature.
L’économie humaine met la personne au centre à la fois de l’organisation sociale et de la démarche de transformation de la société. La personne se distingue de l’individu car elle est tissée de liens avec elle-même, avec les autres, avec l’écosystème, avec la transcendance (Il se réfère à la dimension spirituelle, qui se distingue des valeurs et de l’éthique).
Points à analyser
- Comment les participants, militants, animateurs, leaders de la dynamique territoriale décrivent les ressorts de leur engagement.
- Le cas échéant, documents ou manifestations d’un esprit collectif
- Le cas échéant, formation à cet esprit collectif
L’économie humaine est à la fois universaliste et pluraliste. Elle reconnaît et veut préserver la diversité des cultures, refuse de les hiérarchiser. Elle affirme en même temps notre commune humanité, fait sienne sans réserve la Déclaration universelle des droits humains.
Points à analyser
- Comment se manifestent les spécificités du territoire dans la vision de ce qu’est une vie digne et bonne, une société juste. Dans la démarche pour y parvenir.
- Certains principes sont-ils reconnus comme universels par la population, les acteurs du territoire ?
Dernière modification : 16/12/2020